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Nationalité : France
Né(e) à : Bordeaux , le 12/06/1796
Mort(e) à : Paris , le 03/05/1852
Biographie :

Eugénie Foa, née Rebecca-Eugénie Rodrigues-Henriques, est une femme de lettres française.

Fille d'Alexandre Isaac Rodrigues-Henriques, banquier, et d'Esther Gradis, elle se mit à la plumes après un mariage peu heureux avec le négociant marseillais Joseph Foa.

Elle écrivit sous son nom d'épouse ou bien sous les pseudonymes Miss Maria Fitz-Clarence et d'Edmond de Fontanes.

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Eugénie Foa
La femme à la mode est toujours mise avec simplicité et élégance, jamais de bijoux (prévoyante créature, elle les gardera pour se faire remarquer quand son règne sera passé).

La femme à la mode prendra ses chapeaux chez Simon, ses bonnets chez Herbeault, ses souliers chez Michaël, ses bottines chez Gélot, ses gants chez Boivins ; elle ne portera que des fleurs de Batton, et des plumes de Cartier.

La femme à la mode n'a pas de tailleuse attitrée, c'est elle qui invente une coupe, ou la fait valoir ; pourtant une fois, mais une seule fois, observez bien, elle fera faire une robe chez Palmyre, jamais deux ; Palmyre se répète, et il est désolant de trouver dans un bal trois robes dont la physionomie soit en rapport avec la vôtre, c'est à vous en donner des vapeurs.

La femme à la mode arrive au bal ; en descendant de voiture on l'engage à danser, sur l'escalier on l'engage, sur le pallier on l'engage, on l'avait engagée la veille, l'avant-veille, au bal dernier ; elle a plus d'invitations en entrant dans la salle, qu'on ne dansera de contredanses toute la nuit.

Or le maladroit qui vient à elle aussitôt qu'elle paraît, se voit répondre :
- Je suis engagée, monsieur.
- Pour la seconde, madame ?
- Elle est promise, monsieur.
- Pour la troisième ?
- J'ai donné parole pour dix ; je doute d'aller jusqu'à là.
- Alors, madame, pourrais-je avoir le plaisir d'une valse ?
- Engagée pour toutes.
- Au moins le bonheur d'une galopée. `
- Je n'en danse qu'une, et mon galopeur est là.
- J'ai du malheur, madame !

Et l'infortuné de soupirer, et la dame de ne pas le remarquer.

Puis la femme à la mode se voit entourée à ne pouvoir respirer, engagée à ne savoir auquel répondre, suffoquée de compliments, si compliments suffoquent, et enivrée d'encens (l'encens enivre).

C'est charmant. Elle reste peu dans un bal, comme un éclair, le temps d'éblouir, et puis voilà ; ce même effet elle le répète dans deux ou trois autres bals, s'en va, rentre de bonne heure, bien avant que la fatigue ou la danse aient abattu l'éclat de ses yeux, défrisé ses cheveux, débrillanté sa robe.

Il faut qu'on puisse dire d'elle : « Elle n'est venue qu'un instant, elle a tant d'invitations, tant de devoirs de société à remplir ; à peine si on l'entrevoit, mais jamais, jamais elle n'a été aussi jolie que ce soir. »
Quel soir que ce soit, n'importe.

La femme à la mode se lève tard, passe ses matinées chez elle ; elle soigne son ménage, si elle n'a ni mère ni belle-mère pour cela ; ou elle soigne ses enfants, si elle en a ; ou elle peint, fait de la musique, car au dix-neuvième siècle, les femmes font de tout cela, et l'avouent ; elles sont fort bien élevées, ont plusieurs talents d'agrément, la peinture et la musique en tête. Passons.

Mais, hélas ! adieu, sa place est prise, son trône est occupé, son sceptre brisé, son règne fini.
Toutefois, plus heureuse que les rois détrônés, non proscrite, elle peut encore venir visiter les lieux témoins de sa gloire, elle peut jouir en face des succès de sa rivale, ou en crever d'envie, à sa volonté ; consolations enlevées aux premiers ; elle peut aussi chercher, si fantaisie lui en reprend, à exploiter de nouveau ce terrain mouvant de regards étudiés, de diaphanes sourires, de paroles chatoyantes ; mais hélas !

Plus d'encombrement dans ses loges au spectacle ; la loge est pleine, mais la porte fermée.
Plus de nuée de danseurs au bal.
Autant d'invitations que de contredanses, quelquefois une de plus, et c'est beaucoup.
Plus de poussière épaisse tourbillonnant autour de son carrosse, qui va au bois ; juste assez pour vous aveugler, et voilà tout : c'est à en mourir !
Alors, si le mari de la ci-devant femme à la mode a conservé sa fortune (ce qui est très rare, par le temps qui court, je vous assure), le luxe le plus outré, la toilette du meilleur style, la fera bien encore remarquer ; mais à son oreille, et assez haut pour qu'elle l'entende, on dira :
« C'est madame une telle qui faisait fureur l'année dernière, la femme à la mode de ce temps-là ; aujourd'hui ce n'est plus qu'une de nos élégantes. » (…)

Ma foi, mieux vaut, à mon avis, ne chercher qu'à s'amuser sans briller, ne faire que plaire sans éblouir, n'inspirer ni envie, ni pitié, n'éclipser personne au risque même d'être un peu éclipsée, et charmer tout bonnement ; qu'en pensez-vous ? Toutefois n'est pas femme à la mode qui veut.

Cette réflexion délasse de l'être, et console de ne l'être plus, dit-on ; moi, je n'en sais rien.

(Extrait de Paris ou le livre des cent et un, volume 11)
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