Marc est un peu redressé dans son lit et regarde avec un sourire bienheureux entrer tous ces petits, comme en procession.
- Ils sont tous magnifiques, Mathilde, dit-il presque en pleurant...
- Je t’aime… Un peu… Beaucoup… Passionnément… À la folie…
Et elle jette la fleur. Puis dit simplement :
- Au revoir, maman.
Je sais qu'à l'ère des portables, écrire des lettres paraît démodé mais cette sensation du crayon glissant sur le papier est vraiment agréable. Et je me dis que, vu que c'est à toi que j'écris, je peux faire une exception.
Les quatre enfants s'approchent du champ. Sur le côté, il y a un grand arbre, avec des branches basses dans lesquelles ils pourraient facilement monter. Mais ils n'ont pas cette idée. Aujourd'hui, ce n'est pas monter à l'arbre qui les intéresse. C'est d'aller voir, par terre, la plaque.
Aucun d'eux ne sait ce que cette plaque représente. Il y a dessus un bouquet de fleurs, changé régulièrement...
Et pourtant, pour l’enfant, les choses changent. Des mains douces et agréables, chaudes, s'occupent de lui. Une voix lui murmure des chansons. On lui parle. On joue avec lui. C'est comme une renaissance pour l’enfant qui n'a pas connu ce genre de contact. Et qui en souffre, ce n'est rien de le dire. Qui en souffrira sans doute toute sa vie.
Le cercueil est descendu dans la terre. La fille lâche les mains de ses frères et s'avance. Elle sort de sa poche une petite fleur, qu'elle effeuille au-dessus du cercueil.
- Je t'aime...Un peu...Beaucoup...Passionnément...A la folie...
Et elle jette la fleur. Puis dit simplement :
- Au revoir, maman.
J'ai hâte de découvrir ton écriture. Elle sera sans doute très belle. L'écriture est le reflet de l'âme.
Je revois tes yeux, si beaux et doux à la fois. Je m'y plonge comme on plonge dans la mer et c'est ce qui me permet de m'endormir.