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Citation de Charybde2


Voie ferrée à un endroit non contrôlé. Les trains témoignent encore d’une certaine métaphysique des coutumes – ça n’a rien à voir avec les horaires, cette réflexion. Il faut tout expliquer. Je ne l’ai compris que le jour de ce rendez-vous à un endroit non contrôlé. C’était une ligne droite des plus prévisibles, n’importe qui aurait préféré une courbe, mais la proximité d’une courbe provoque un regain d’attention, il y a une subtile réduction de la vitesse, un petit laps de temps pour pouvoir faire basculer le poids de son corps d’un pied sur l’autre, ou peut-être pour ravaler sa salive, en un acte inhabituellement non réflexe. La ligne droite est parfaite et je suis camouflée dans le décor. Aridité méditerranéenne parsemée de broussailles malades mais résistantes. On l’entend – une approche qui remue des tonnes cubes de particules en suspension. Je fais un pas en avant. Je perçois la masse lointainement sonore, ses vibrations qui pourraient être des insectes mais qui n’en sont pas, les insectes sont métalliques avec plus d’élégance. Les rails crissent comme des serpents à sonnette et je fais un autre pas en avant. Mon corps est une antenne parabolique affamée de danger. Le cœur, grand, prend possession de la pensée. Le train est maintenant du pur mercure hurlant, une entité qui grandit, un nom. Le voilà, il est parvenu à moi, à son ruban rouge, à sa ligne d’arrivée. Mais non, ce n’est pas le bon jour. C’est un train long, trop long, et il projette mon corps en arrière, violemment. Je décide de m’accrocher. Comme une broussaille, me dis-je. Les racines profondes, ça permet de tels moments de courage. Oui mais le train est vraiment très très long, il y a trop de ferraille, trop longtemps, et le corps, après tout, a peut-être droit à la parole, a peut-être son dernier mot à dire. Peut-être que je devrais préserver mon nom, jouir d’une mort conservatrice, avec un cadavre facile à identifier, des restes aimables. À vrai dire, j’ignorais que les détails de ce genre finiraient par compter. Je suis empêtrée dans une métaphysique étonnante, si j’étais croyante, je croirais qu’on cherche à me faire revenir sur certaines de mes décisions. C’était comment déjà ? « Je suis athée, grâce à Dieu ! »
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