Eva Wong

L'esprit taôiste se présente comme une pratique de la vie quotidienne dans tous ses compartiments, mais sous-tendue par une tradition millénaire autour de l'équilibre du yin et du yang.

Sans cette philosophie de vie, qui est implicite pour les chinois, la pratique deviendrait rigide et rapidement inapplicable.

Ainsi le Huinanzi, un texte taôiste ancien choisi pour entamer le livre, m'est apparu surtout comme une litanie de rituels datés (la méthode Peng zu pour prolonger la vie m'a parue plus intéressante). Ces textes redonnent ce petit parfum de la Chine d'autrefois et l'esprit taôiste y est certainement présent mais ils n'ont pas la grâce des œuvres de Lao tseu et Tchouang tseu.

Car enfin la vie quotidienne dans l'esprit taôiste est pleine de grâce. La vie est mouvement, l'esprit taôiste est l'équilibre. Dans la vie publique le leader doit embrasser une vision large tout en agissant discrètement avec justesse. Dans la vie privé chacun s'applique à prolonger sa vie par un effort constant de retour à l'équilibre, car les excès semblent inévitables.

Les moments de doutes paraissent également inévitables. Lorsque les auteurs taôistes font référence à un passé idéalisé, le mythe de l'empereur jaune, c'est pour mesurer le déséquilibre du monde qui semble se creuser, pour des raisons à méditer. Pour ne pas se laisser abattre, l'arme de Tchouang tseu c'est l'humour, l'ironie. Des extraits de son œuvre terminent ce livre.