AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


Dans l’enseignement donné par le maître spirituel, l’accent est toujours mis sur l’humilité, et l’ascèse imposée au disciple, notamment lors des retraites – khalwa –, tend à faire grandir en lui cette vertu. Enfin, l’hagiographie musulmane se plaît à rapporter des épisodes de la vie des saints soufis épris de pauvreté spirituelle. Les récits suivants sont très caractéristiques à cet égard.

Un jour, Ibrâhim(1) vit un mendiant qui se plaignait de son sort.

« Je suppose que tu as acheté la mendicité pour rien, lui dit-il
– Eh ! quoi, la mendicité se vend-elle ? demanda le mendiant stupéfait.
– Assurément, répondit Ibrâhim. Je l’ai achetée en échange du royaume de Balkh. J’ai d’ailleurs fait une bonne affaire. »

« Depuis que tu es entré dans la Voie, as-tu jamais connu la joie ? demanda-t-on à Ibrâhim.
– Oui, plusieurs fois, répondit-il. Une fois, j’étais dans un navire ; le capitaine ne me connaissait pas. J’étais vêtu de haillons, mes cheveux étaient hirsutes et je me trouvais dans un état d’extase ignoré par tous ceux qui se trouvaient à bord. Ils se moquaient de moi et me tournaient en dérision. Il y avait là un bouffon qui passait son temps à me tirer les cheveux, les arracher et me frapper. J’avais atteint mon désir et me sentais parfaitement heureux d’être ainsi humilié. Ma joie atteignit son plus haut point le jour où ce bouffon s’approcha et urina sur moi.

Une autre fois, je vins à une mosquée pour y dormir, mais on ne m’y laissa pas entrer et j’étais si faible et épuisé que je ne pouvais me lever. On me prit par les pieds et on me traîna dehors. Or cette mosquée avait trois marches ; ma tête cogna chacune d’elles et le sang coula. A chacune des marches, un mystère me fut révélé. Je m’écriais : ‘’Ah ! Si la mosquée pouvait avoir plus de marches, afin que soit augmentée ma félicité !’’ »
(…)
Un jour, Ibrahim passa près d’un ivrogne dont la bouche était souillée. Il alla chercher de l’eau et lui lava la bouche. « Comment laisser souillée la bouche qui a prononcé le nom de Dieu ? Ce serait de l’irrespect », se dit Ibrâhim. Quand l’ivrogne se réveilla, on lui raconta que l’ascète du Khorassan lui avait lavé la bouche. « Je me repens », dit l’homme avec sincérité. Ibrahim entendit alors en rêve : « Tu as lavé une bouche par amour pour Moi. Moi, J’ai lavé ton cœur. »

(1) Ibrâhim Ibn ‘Adhâm (700-782), prince de Balkh [Afghanistan], abandonna son royaume pour mener une vie d'ascète, vivant du travail de ses mains. Sa légende est restée célèbre. (pp. 124-126)
Commenter  J’apprécie          10









{* *}