Avec les années, la maison de retraite m'est devenue familière, et les résidents aussi. J'embrasse l'une, salue une autre, joue aux cartes avec un troisième. Je connais les noms, les pathologies, les habitudes de certains ; je vois s'ils ont bonne ou mauvaise mine. Quand l'un d'entre eux meurt, je remarque son absence, puis je l'oublie. On prend l'habitude du turnover du grand âge. On attend son tour. Maman est l'une des plus anciennes. Elle bat une sorte de record d'endurance, elle est la jeannie Longo de la maison. Elle les enterrera tous.