AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Partemps


Nous entendons pour notre part sortir le texte de ses limites structurelles pour l'envisager
en deçà ou au-delà de lui-même. Les textes de Joyce et d'Artaud nous invitent en effet à
concevoir un espace ouvert et inachevé. Œuvres aux limites instables, perpétuellement in
progress dans le procès de lecture qu'elles impliquent et qui les sous-tend, elles témoignent de la
transformation qui affecte, dans les textes modernes, les rapports entre l'auteur et le lecteur. Dans
l'histoire de la critique littéraire de ces dernières années, les notions de genèse et de réception, en
ouvrant l’œuvre sur ses limites, ont participé au renouvellement de notre conception du texte.
S'opposant à l'idée de clôture, postulat indéniablement fructueux de la critique structuraliste qui
permettait de centrer l'intérêt sur l'analyse des structures immanentes de l’œuvre, ces approches
mettent l'accent sur le caractère instable et provisoire de toute relation textuelle.
En amont également, les "généticiens" mettent le texte en mouvement, le montrent
provisoire et ouvert, sujet à des remords et retouches successives. Ils nous donnent l'histoire du
texte à l'état naissant, entouré de ses brouillons, documents de rédaction et manuscrits divers, pris
dans une nébuleuse qui le déborde et rend ses contours imprécis12. Toute une série de travaux
s'attachent à étudier les "avant-textes" de Joyce, ces nombreux carnets de notes, brouillons,
manuscrits ou publications partielles qui permettent d'apprécier le travail de son écriture. On
perçoit ainsi le caractère arbitraire de l'assignation de limites définitives à un texte : Ulysse bruit
encore de la multitude des procédés transformationnels mis en oeuvre dans son écriture; et que
dire de Finnegans Wake et des strates mouvantes de ses énoncés, enchevêtrés à l'infini. Chez
Artaud, la question de la genèse se pose dans des termes différents et on sait l'énorme travail de
publication mené jusqu'à sa mort par Paule Thévenin. Forçant les limites de l'impubliable, étirant
les textes (carnets, brouillons, esquisses, notes et variantes à l'infini) jusqu'à l'extrême
inachevable d'œuvres à jamais in-complètes, elle a littéralement mis en acte l'interminable procès
d'écriture-lecture qu'est l’œuvre d'Artaud.
Commenter  J’apprécie          00









{* *}