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Citation de Partemps


Chez Joyce, le mot-valise agglutine souvent des lexèmes appartenant à des langues
étrangères alors que les inventions de Carroll, comme le souligne Stuart Gilbert restent à
l'intérieur de l'anglais. L'exemple qu'il étudie, celui du sermon de Jaunty Jaun aux 29 filles de St
Bride souligne les ramifications musicales (point et contrepoint) qui caractérisent l'usage joycien
du mot-valise. "my singasongapiccolo to pipe musicall airs on numberous fairyaciodes. I give, a
king, to me, she does [...]" (450.19-20). Comme l'explique Gilbert, "I give" est la traduction
anglaise de l'équivalent italien des notes de musique : "Do", en italien je donne; "Re", le roi;
"Mi", à moi, etc. Ajoutons que sur ce motif musical de la cornemuse (bagpipe) se greffent
d'autres thèmes liés à la pipe et au tabac, aux vêtements sacerdotaux et à des investissements plus
lucratifs ("in vestments"), ainsi qu'à des tuyauteries (pipes) plus organiques (jeu sur farthing, un
quart de penny et fart, un pet; de même subdominal : abdominal et subdominant et sousabdominal): "I'd sink it sumtotal, every dolly farting, in vestments of subdominal poteen at prime
cost" (450.36-451.1). L'écriture de Joyce agglutine et relie les langues, les sens, de proche en
proche par dérivations harmoniques.
A la prolifération hypernarrative chez Joyce répond chez Artaud l'architecture parataxique
des textes, leur juxtaposition par ellipse; comme ces Fragmentations qui ouvrent
symboliquement le recueil Suppôts et Suppliciations. Leurs corps-textes ne sont pas les mêmes;
discorps pour l'un (dans la stridence des accords dissonants), chorecho (corps-écho; 584.33) pour
l'autre, obscène mais musical (fût-ce comme pet "subdominal") : musique atonale d'un côté,
opéra italien de l'autre.
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