Le fantôme de la Cité Interdite persiste et signe... À nouveau une heure d'attente sur le pas d'une porte close, avant qu'une gardienne daigne nonchalamment sortir un énorme trousseau de sa poche.
Allons-y pour un ultime contre-champ très décontracté sur Pu-Yi qui traverse le petit pont enjambant le ruisseau aux eaux d'or. Si l'on n'a pas oublié d'arroser le sol pour le raccord, en revanche la disparition inexpliquée des cinquante eunuques-balayeurs ne manquera pas de faire gloser les exégètes. Tao s'avance. Les freins de la bicyclette crissent. Au-dessus de nos têtes, une bande de corbeaux croassent.
Assis devant le monitor, il (Bertolucci) commence à fumer cigarette sur cigarette au mépris de toute prudence. Aussitôt un paravent d'éventails se forment autour de sa personne pour le soustraire aux regards importuns, tout en dispersant discrètement la fumée alentour. Pressé par le temps, le moral dans les talons, le maître donne brusquement l'ordre de tout arrêter.
Les palmiers ensoleillés de la piazza Cavour abritent le pique-nique de l'équipe au début de l'après-midi, alors qu'un poète de passage, coiffé de son feutre hivernal, rappelle avec émotion à notre scripte ce moment de grâce où celle-ci salua, au bout d'une année entière de tournage dans la ferme de 1900, le retour de la première hirondelle.
En attendant, Bernardo, royalement allongé sur l'estrade de la salle du trône, se fait masser les pieds par l'inégalable Suzanne. Il a les traits reposés. Pour la première fois, il vient de réussir à dormir huit heures d'affilée sans somnifère.
Coups d'œil avides par les hublots. Peu de routes, mais une infinité de chemins de terre sillonnent la campagne. Tel un immense labyrinthe, la cité carrée, l'antique Khanbalic miroite dans le lointain, au milieu du monde.
La scène tout entière baigne dans un pénombre crépusculaire que fend seulement la chaleur d'un rai orangé.