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Citation de LesMAITRESduMYSTERE


Voici une question qui mérite d'être posée : Y a-t-il eu un YHWH ? ou bien plusieurs déités remplirent-elles ce rôle, tout au long de l'histoire d'Israël ?
L'insistance avec laquelle YHWH stipule qu'il est l'unique, le seul et véritable dieu, peut paraître suspecte, à juste titre, lorsqu'on pénètre un peu mieux sa personnalité, toute en paradoxe et contradictions.
En lisant d'un trait la Bible, on se rend compte que les interventions divines mentionnées pourraient être le fait d'au moins trois entités différentes, pour les seuls livres de la Genèse, qui avait créé l'homme "à son image" n'est visiblement pas le même qui contacta Abraham (Genèse, 12) et demanda la circoncision comme marque de reconnaissance pour "son" peuple. Dieu avait-il créé l'homme du jardin d’Éden imparfait ?
Quoi qu'il en soit, il semblerait que YHWH ait oublié son peuple durant les quelques siècles qu'il passa en Égypte. Est-ce qu'il s'agit toujours de la même divinité lorsqu’elle s'exprime ainsi devant Moïse :
< < Je suis l’Éternel. Je suis apparu à Abraham, à Isaac, à Jacob comme divinité souveraine ; ce n'est pas en ma qualité d’Être immuable que je me suis manifesté à eux > > (Exode 3,3)
Cette divinité effectue d'elle-même le distinguo entre elle et les apparitions de jadis. C'est une entité différente, car sinon pourquoi aurait-elle eu besoin d'ajouter ceci, à l'adresse de Moïse :
< < Je vous adopterai pour peuple, je deviendrai votre Dieu. > > (Exode 6, 7)
Ne l'était-il pas déjà auparavant ?
Son nom même est sujet à débat. Le tétragramme YHWH est une succession de quatre consonnes dont les voyelles n'étaient jamais écrites. Faut-il alors prononcer Yah ? Yahwé ? Jehovah ? (...)
Ce qui est certain, par contre, c'est qu'aucune mention du terme "Dieu" n'est utilisée dans l'Ancien Testament pour évoquer cette entité. C'est une version en grec de la Bible, la Septante, qui a rendu le nom de YHWH par Théos, et l'a popularisé ; la Vulgate latine suivant cette voie en traduisant Théos par Deus. Alors que les véritables dénominations de la divinité hébraïque se trouvent être, le plus souvent, El, Elohim, YHWH ou Adonaï.
Comment s'étonner de cette étonnante diversité de titres et de théonymes, quand on connaît la difficulté de cette déité à se définir elle-même ? A la question : qui es-tu ? ses interlocuteurs n'obtiennent que des réponse vagues, embarrassées, ambiguës. Il se présenta à Moïse comme "l’Être invariable" (Exode 3, 14), selon la traduction du texte original par le rabbinat français : "Je suis qui je serai" (...)
A la question de Josué : < < Es-tu des nôtres ou un de nos ennemis ? > > (Josué 5, 13), il se présenta simplement comme le chef de la milice du Seigneur.
A Jacob (Genèse 32, 30), il répondit par une autre question : < < Pourquoi t'enquérir de mon nom ? > >
Un dernier exemple, qui ne dissipe nullement le flou sur son identité. Lorsque Manoah, futur père de Samson, rencontra un "ange de Dieu", il lui demanda son nom. Celui-ci répartit :
< < A quoi bon t'enquérir de mon nom ? c'est un mystère > > (Les Juges 13, 18)
YHWH connaissait-il lui-même son propre nom ? Bien qu'il ait une préférence pour Adonaï (Exode 34, 6), il est légitime d'en douter.


Ce qu'il s'agit bien de comprendre, c'est qu'il est impossible à l'homme de distinguer YHWH d'un de ses anges.


[...] Gédéon (Les Juges, 6) dialogua ainsi avec deux entités, présentées, l'une comme un "ange du Seigneur", et l'autre, comme l’Éternel lui-même.
Mais cette double présence divine peut être surtout déduite dans l'extrait de l'Exode où Moïse désire voir la Gloire de Dieu. YHWH se tenait près de Moïse sur un rocher, il l'abritait de sa main pour le protéger quand passait la Gloire. Et quand YHWH retira sa main, Moïse distingua la fin du phénomène, à savoir le "dos" de YHWH. Cette scène est difficile à visualiser, sauf si nous avons affaire ici à deux entités différentes, dont l'une se tient aux côtés de Moïse, et l'autre qui passe et s'éloigne.
[...] La Genèse nous en offre un cas flagrant, lorsqu' Abraham reçut la visite de trois personnages brusquement apparus devant lui, à l'entrée de sa tente, alors qu'il faisait une sieste durant les chaleurs de l'après-midi (Genèse, 18). L'un des trois YHWH, ainsi qu'on l'apprend au cours de la conversation, indiqua à Abraham qu'il allait se rendre à Sodome pour constater de visu les dépravations des habitants de cette ville et de celle de Gomorrhe. Deux des trois personnages quittèrent alors Abraham, lequel poursuivit, avec le dernier, toujours censé être YHWH, son célèbre dialogue sur le nombre de justes que comptait Sodome.
S'agissait-il de trois anges ? de YHWH accompagné de deux anges ? ou de trois YHWH ?

Avec YHWH, nous avons donc affaire à une divinité rongée par des interrogations sur sa propre identité. Est-elle collective ? Individuelle ? En refusant de se nommer, en utilisant une fonction ou un subterfuge, elle montre un déni de soi évident. C'est là le paradoxe d'une conscience collective confrontée au désir de l'unicité. La non-reconnaissance par autrui de ce vœu engendre dépit et fureur, détournant ainsi les fidèles encore un peu plus de cette déité tourmentée. Comme le remarquaient déjà les commentateurs anciens, YHWH est une impasse théologique.
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