AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de lanard


Dans les sociétés occidentales, l'image de la femme soumise est regardée désormais comme politiquement incorrecte, sauf pour réveiller les pulsions sexuelles masculines dans la publicité. Pourtant, la majorité des femmes occidentales continent à effectuer seules toutes les tâches ménagères. Il s'agirait plutôt d'une variante néo-patriarcale, dans laquelle la femme peut revêtir les habits du Père et adopter ses comportements autoritaires dans la société, sans pouvoir faire y apparaître les logiques profondément différentes du matriarcat. Celles-ci auraient plutôt tendance à se diffuser à l'intérieur des familles avec la démission des pères, qui favorisent l'éducation laxiste des enfants pour avoir aussi le "beau rôle" et quitter leur habit de loup.
De la même façon que Morel, dans le roman de Romain Gary Les Racines du ciel,, s'insurgeait, au nom de la liberté des hommes, contre le massacre inutile des éléphants, l'homme ne peut être que prisonnier de désordres psychiques dans une société où l'espace féminin de décision est tronqué et dénaturé. Le néo-patriarcat social pourrait contribuer à l'augmentation du stress dans les grandes villes d'Occident, où les relations humaines sont atomisées, par le renforcement de la crainte déstabilisatrice du nouvel Autre féminin insaisissable, tour à tour femme et homme.
Pour leur part, les citadines laotiennes, qui rêvent de conjoints occidentaux, refusent instinctivement les modèles étrangers de répartition sociale des sexes. Elles semblent ne jamais s'être soumises réellement à la forme locale du patriarcat. Elles sont aujourd'hui réticentes à accueillir ses nouveaux avatars de la société de consommation. Comme les éléphants en voie de disparition au Laos, ces femmes altières doivent sentir instinctivement qu'elles appartiennent à une époque révolue.
Elles continuent de perpétuer un système domestique d'autorité et d'influence féminine, qu'elles justifient par l'accomplissement de toutes les tâches ménagères. Leur empreinte sur la société laotienne est profonde. Elles refusent généralement de s'identifier aux modes d'exercice du pouvoir masculin, et recherchent leurs propres voies de développement social.
Elles transforment de manière féminine les institutions dans lesquelles elles interviennent en grand nombre. Par exemple, les infirmières gèrent les hôpitaux comme des hôtels, et peuvent désormais acheter et revendre (légalement) les médicaments comme sur un marché, pour compenser la faiblesse de leur salaire.
A la différence des hommes laotiens attachés à leur condition de fonctionnaires, elles considèrent que leur réussite professionnelle doit pouvoir s'émanciper des règles rigides de fonctionnement de l'Etat dans une société en crise. L'instruction reçue dans les écoles et la formation continue leur paraissent insuffisantes ou peu utiles pour dépasser le bas niveau économique et culturel du pays.
Elles ne se sentent pas à l'aise dans les situations de corruption, que les hommes tolèrent plus aisément. Elles préfèrent trouver des solutions plus efficaces aux difficultés économiques. En gérant les fonds du foyer, elles s'évertuent à rechercher des solutions pragmatiques pour éviter à leurs enfants de sombrer dans la misère. Elles entretiennent des réseaux particuliers de relations, complexes et souples, et elles créent des modes de production dynamiques, qui favorisent le développement réel des villes du Laos.
Commenter  J’apprécie          10









{* *}