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EAN : 9782296003897
155 pages
Editions L'Harmattan (01/04/2006)
4/5   1 notes
Résumé :
Depuis la seconde guerre mondiale, conflits violents, crises économiques et isolement politique du pays ont souvent modifié en profondeur le destin des femmes laotiennes. Promises par la tradition à une vie de paysanne et de ménagère, elles ont pu ou dû emprunter des voies nouvelles à l'occasion des bouleversements historiques. Dans cet ouvrage, plusieurs femmes de la province de Xaïgnabouly, située au nord-ouest du Laos, présentent leur parcours de vie, leurs relat... >Voir plus
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Dans son ouvrage La femme laotienne d'hier et d'aujourd'hui, Mayoury Ngaosyvathn estime que le bouddhisme est une religion sexiste au même titre que les grandes religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam), car ses fondateurs ont jugé impossible pour une femme d'atteindre le nirvana et lui ont accordé un statut inférieur dans la communauté monastique.
Selon elle, cette religion, importée au Laos à partir du VIIe siècle par les rois môn, à, elle aussi, établi le règne des hommes sur la société. Les femmes s'y dévouent, corps et âme, pour tenter d'aller au paradis après leur mort et renaître en homme. Elle multiplient leurs chances de parvenir à ce sort si leur fils devient moine.
Les hommes laotiens règnent sur les pagodes; ils dominent les administrations, le parti unique, l'armée et la police. Ils sont donc la source du droit et des normes. Ils constituent aussi la masse des agriculteurs, majoritaires dans ce pays. Quelle place reste-t-il donc aux femmes?
Dans son ouvrage Fiels, Forest and Familiy; Women's Work and Power in Rural Laos, Carol Ireson montre que les femmes thaï-lao, pour la plupart bouddhistes, ont pourtant un statut très supérieur à celui des femmes de montagnards, comme les khamou animistes et les Hmong chamanistes. A l'instar des autres femmes des pays d'Asie du Sud-Est les femmes laotiennes citadines ont acquis un pouvoir important dans la société en devenant des commerçantes dynamiques, alors que le salaire de leur mari fonctionnaires tombaient au plus bas depuis la crise asiatique de 1997.
Ce phénomène touche certes aussi les pays d'Asie du Sud-Est à majorité musulmane, comme l'Indonésie ou la Malaisie. Cependant, le bouddhisme, avec se moines retirés dans les monastères et dépourvus de prêtres séculiers, laisse le champ libre aux femmes pour dominer les foyers et tous les espaces sociaux situés en dehors des institutions politiques et militaires, à la différence des religions issues de la Bible dont les prêtres et les imams chechent à règlemener strictement les relations entre les sexes.
On comprend mieux la ferveur instinctive des femmes laotiennes pour la religion bouddhiste, dont elles suivent assidûment tous les rites, en dépit du rôle inférieur qui leur est théoriquement assigné dans la doctrine et l'espace monacal. Elles en ignorent le plus souvent les préceptes, mais elles insistent toutes sur ses principaux fondements, comme la tolérance et l'harmonie. Elles ne se contentent pas des croyances chamanistes sur l'enfer et le paradis. Elles mettent en avant les valeurs fondamentales du bouddhisme, comme la non-violence et l'humilité, qu'elles regardent comme des valeurs féminines.
Elles sont prêtes à consacrer des fortunes aux fêtes religieuses et familiales, notamment pour la fête de Vetsantara, appelé aussi Phavet, qui est aussi destinée à financer les travaux dans les monastères bouddhiques. Même dans les pires situations, la tenue des temples et la nourriture des moines ne sont jamais oubliées; les femmes laotiennes en ont fait le symbole de leur civilisation, car elles y trouvent surement leur intérêt.
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Dans les sociétés occidentales, l'image de la femme soumise est regardée désormais comme politiquement incorrecte, sauf pour réveiller les pulsions sexuelles masculines dans la publicité. Pourtant, la majorité des femmes occidentales continent à effectuer seules toutes les tâches ménagères. Il s'agirait plutôt d'une variante néo-patriarcale, dans laquelle la femme peut revêtir les habits du Père et adopter ses comportements autoritaires dans la société, sans pouvoir faire y apparaître les logiques profondément différentes du matriarcat. Celles-ci auraient plutôt tendance à se diffuser à l'intérieur des familles avec la démission des pères, qui favorisent l'éducation laxiste des enfants pour avoir aussi le "beau rôle" et quitter leur habit de loup.
De la même façon que Morel, dans le roman de Romain Gary Les Racines du ciel,, s'insurgeait, au nom de la liberté des hommes, contre le massacre inutile des éléphants, l'homme ne peut être que prisonnier de désordres psychiques dans une société où l'espace féminin de décision est tronqué et dénaturé. Le néo-patriarcat social pourrait contribuer à l'augmentation du stress dans les grandes villes d'Occident, où les relations humaines sont atomisées, par le renforcement de la crainte déstabilisatrice du nouvel Autre féminin insaisissable, tour à tour femme et homme.
Pour leur part, les citadines laotiennes, qui rêvent de conjoints occidentaux, refusent instinctivement les modèles étrangers de répartition sociale des sexes. Elles semblent ne jamais s'être soumises réellement à la forme locale du patriarcat. Elles sont aujourd'hui réticentes à accueillir ses nouveaux avatars de la société de consommation. Comme les éléphants en voie de disparition au Laos, ces femmes altières doivent sentir instinctivement qu'elles appartiennent à une époque révolue.
Elles continuent de perpétuer un système domestique d'autorité et d'influence féminine, qu'elles justifient par l'accomplissement de toutes les tâches ménagères. Leur empreinte sur la société laotienne est profonde. Elles refusent généralement de s'identifier aux modes d'exercice du pouvoir masculin, et recherchent leurs propres voies de développement social.
Elles transforment de manière féminine les institutions dans lesquelles elles interviennent en grand nombre. Par exemple, les infirmières gèrent les hôpitaux comme des hôtels, et peuvent désormais acheter et revendre (légalement) les médicaments comme sur un marché, pour compenser la faiblesse de leur salaire.
A la différence des hommes laotiens attachés à leur condition de fonctionnaires, elles considèrent que leur réussite professionnelle doit pouvoir s'émanciper des règles rigides de fonctionnement de l'Etat dans une société en crise. L'instruction reçue dans les écoles et la formation continue leur paraissent insuffisantes ou peu utiles pour dépasser le bas niveau économique et culturel du pays.
Elles ne se sentent pas à l'aise dans les situations de corruption, que les hommes tolèrent plus aisément. Elles préfèrent trouver des solutions plus efficaces aux difficultés économiques. En gérant les fonds du foyer, elles s'évertuent à rechercher des solutions pragmatiques pour éviter à leurs enfants de sombrer dans la misère. Elles entretiennent des réseaux particuliers de relations, complexes et souples, et elles créent des modes de production dynamiques, qui favorisent le développement réel des villes du Laos.
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