Je n’ai connu de l’eau que cet horizon bleu étincelant qui écorche les yeux tant le soleil s’y reflète furieusement. L’eau à la bouche des prêcheurs, la salive persifleuse de ma mère, l’eau pure des baptêmes, l’eau dans mon ventre qui gargouille, les larmes de notre Seigneur, la sueur entre mes cuisses… Mais de pluie, je n’en ai connu aucune. Depuis ma naissance, le ciel est sec. La pluie gronde peut-être ailleurs sur la vaste mer, mais l’île s’assèche comme un téton dur de vieille femme. Et je vois dans les yeux de ma mère captive, la colère usée, la lucidité qui vacille.
[Dune — Sarah Kügel]