Fahim Amir

Le pigeon est toutefois aussi bien un symbole d'excès et d'utopie. Dans Mary Poppins (1964), les enfants s'émancipent - et au lieu de porter leur épargne à la banque comme l'exige d'eux leur père, ils la confient à une vieille mendiante qui vend des graines pour les pigeons sur les marches d'une église.
Qui nourrit les pigeons, nourrit la résistance.

BOXON A HAMBOURG
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Les tuyaux du réseau de chaleur n'offrent pas seulement une résidence hivernale idéale pour les termites. Elles fournissent aussi le plan souterrain de la colonisation de la ville. En suivant le parcours des tuyaux, les insectes parviennent à atteindre les arbres de Karolinenviertel et du Justizforum, où ils vivent encore aujourd'hui. Tandis que le Karoviertel est envahi par une sympathique armée de créatifs corpos et se transforme en quartier résidentiel branché, en proie aux problèmes bien connus de la gentrification, le respectable "forum de la justice", qui regroupe une Cour d'appel, un palais de justice pénale et un autre de justice civile, est attaqué par le bas. Un employé de la ville raconte que le pire cauchemar de tout propriétaire immobilier est devenu réalité, le jour où des fonctionnaires ont découvert que, tels des milliers de minuscules Bakounine, les termites avaient commencé à dévorer les registres du cadastre.
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LE MANAGER ET LE CHEVAL FOU
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Dans le Capital, Karl Marx indique que les animaux qui perturbent le processus de production ont toute leur tête. "De toutes les grandes forces motrices issues de la période manufacturière, la force du cheval était la plus mauvaise, en partie parce qu'un cheval n'en fait qu'à sa tête, en partie à cause de son coût et de la faible ampleur de ses possibilités d'emploi dans les fabriques."
Kendra Koulter, spécialiste des Labour-Studies, évoque le cas de chevaux indociles, conservant "toute leur tête" même dans les conditions "idéales" du dressage équestre.
"Les chevaux sont des êtres vivants. Ils ont des états d'âme qu'ils peuvent situer chaque jour à des endroits différents du continuum entre coopération et résistance, même après des années d'un entraînement complet et intensif. Ils ont des humeurs qui peuvent varier en fonction de la météo, des hormones, d'interactions négatives avec les humains ou d'autres animaux et d'une quantité indéfinie d'autres facteurs. Ils ont un corps capable d'éprouver de la douleur, du mal-être, de la raideur, et ainsi de suite."
Depuis peu, les manageurs et manageuses entraînent leurs aptitudes sociales dans des "stages d'équi-coaching" conçus pour "progresser en leadership en s'appuyant sur le cheval." Derrière ce modèle de formation en pleine expansion se cache l'idée simple selon laquelle celui qui peut amener des chevaux à faire ce qu'il veut sera capable d'obtenir le même résultat avec ses collaborateurs et collaboratrices. Ce qui se présente comme un produit neuf et une expérience captivante sur le marché de la formation continue est en réalité une très vieille soupe servie dans de nouvelle marmites. Car le concept du "manager" comme figure clé d'organisation, d'administration et de contrôle s'énonce bien dans un mot dérivé du verbe anglais "to manage". Celui-ci apparaît pour la première fois au XVIe siècle dans le sens d'acte de dresser les chevaux, et provient lui-même d'un emprunt au français "manège".
Un cheval s'opposant opiniâtrement à toute forme de dressage, un être pour ainsi dire impossible à "manager", mérite d'être appelé fou. C'est un "cheval fou [1]".
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[1] Un tel animal, se prêtant peu à être monté par des manager-euses féru-e-s d'optimisation, est plutôt prédestiné à déclarer la guerre aux empires. Un chef indigène portant le nom de "Crazy Horse" infligea une de ses plus cuisantes défaites à l'armée états-unienne lors de la bataille de Little Bighorn, en 1876.