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Citation de LesLecturesdOriane


“— Ivy, je pense que je suis trop étrange pour arriver à donner le change. Noël reste difficile après la perte de ma mère… Et si je te jalousais, hein ? Toi et ta famille alors que vous êtes, eh bien, normaux. C’est logique d’être avec les siens à cette période. Si j’avais une réplique malheureuse ? Si mon cerveau fait autant de digressions que d’habitude ? Tu imagines la catastrophe ?
Il se mord les lèvres comme pour se retenir de se moquer.
— Toi, faire une digression ? Franchement, je crois que ça me surprendrait… OK. Je réponds à la question.
Tranquillement, il me relâche et se laisse retomber sur sa chaise. L’espace entre nous, qui n’est que celui d’un bar étroit, me paraît pourtant trop grand.
— Eh bien… tu as le droit.
Je tique, pas sûr de saisir.
— Le droit ?
Il acquiesce, très sérieux.
— Tu peux digresser. Car c’est toi. Tu peux m’en vouloir d’avoir la chance d’avoir encore tous les miens. Parce que c’est toi. Et parce que ça me semble normal. Tu peux être triste de ne plus avoir tout ça. Tu en as tellement le droit, enfin ! insiste-t-il avec un air presque douloureux. Tu peux avoir des réflexions malheureuses, être maladroit, empoté, jaloux ou timide. Parce que c’est toi. Tout est bon, parce que…
— C’est moi, je complète, ayant compris le principe.
Mon cœur se serre. Ivy et moi on n’est pas du genre à se dire « Je t’aime » à tout bout de champ. On a pu le dire, mais on le garde souvent entre nos lèvres sans le prononcer à voix haute et ça suffit comme ça. Parce que les mots perdent de leur sens si on n’y prend pas garde.
On se le montre. On le pense. Je le lis dans ses yeux.”
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