Fanny Chassain-Pichon

Après les lettres de soldats allemands en France il y a quelques semaines, voici les lettres de soldats allemands sur tous les fronts.

Elles sont classées chronologiquement sur toute la durée de la guerre. Là encore chaque lettre est précédée de quelques lignes de présentation qui se terminent parfois par : il est mort ou il a disparu à telle date.

Ces courriers sont évidemment extrêmement instructifs. Certaines choses m’ont intriguée, tous ou presque font allusions à des années de grand bonheur avant la guerre, tous parlent de l’amour qui les unissaient, de la bonne éducation qui a été la leur… Le paradis se trouvait donc en Allemagne dans les années 30 ? Certaines font allusions aux massacres de Juifs, la Shoah par balles, les Allemands ne pouvaient donc pas dire qu’ils ignoraient. Ils en parlent comme d’une chose regrettable mais nécessaire à la paix de l’Europe. Car les soldats semblent persuadés d’oeuvrer pour la paix en combattant le bolchévisme et en éliminant les juifs. Tous ont la conscience en paix. Autosuggestion ou conviction profonde ? Beaucoup parlent avec mépris des villes et villages de l’est qui sont selon eux très sales. En revanche les termes “notre belle Allemagne” reviennent souvent.

Evidemment les lettres parlent surtout du courrier qui met du temps à arriver, des colis, des inquiétudes pour la famille, qui sont lancinantes vers 1945, de l’ennui, des petites misères du quotidien, le ravitaillement parfois insuffisant, les poux, les furoncles, les petites blessures...

C’est évidemment un choix parmi les 16 000 lettres du musée de la communication de Berlin, beaucoup de épistoliers semblent avoir eu des professions “supérieures”, d’un seul il est dit “il travaillait dans la ferme familiale”.

L’ouvrage contient aussi une introduction qu’il faut lire, et une bibliographie de livres en français et en allemand.



C’est une lecture que je recommande.

Si l’Académie des Beaux-Arts de Vienne n’avait pas refusé par deux fois la candidature d’un certain Adolf Hitler, est-ce que la Seconde Guerre mondiale aurait existé ? Et la face de monde en eût été changée. Rien n’est certain mais ce qui est indéniable c’est qu’Hitler rêvait d’être artiste, un artiste. Fasciné, et le mot est faible, par Richard Wagner, il en fera son modèle et théâtralisera son ascension au pouvoir. Du nazisme il en avait fait une religion laïque, il manquait les dieux de l’opéra. Ce sera le début d’un long crépuscule où la mythologie s’enfoncera dans les profondeurs du royaume d’Hadès.



Si d’aucuns ne peuvent responsabiliser le compositeur, il n’a jamais pu rencontrer le Führer vu que ce dernier est né après sa mort, il n’en demeure pas moins qu’il a été une source d’inspiration, non seulement pour l’art de la mise en scène mais aussi pour les textes antisémites que Wagner a écrit à plusieurs reprises.



Fascinant essai de l’historienne Fanny Chassain-Pichon qui met en parallèle les différentes étapes de la vie de Richard Wagner et Adolf Hitler, ce qui permet à la fois de découvrir des facettes inconnues des deux personnages et de réaliser combien l’art peut être détourné à des fins extrêmes. Si Wagner n’a pas été le seul mentor de l’idéologue du III° Reich, Gobineau et surtout Chamberlain ont été des exemples terrifiants, il s’est transformé en une sorte d’un idéal politique pour celui qui savait tant se donner en spectacle. On ne peut d’ailleurs pas oublier un autre personnage enivré par la musique de Wagner, Louis II de Bavière.



Hitler ne pouvant ni briller ni créer artistiquement, il s’est réfugié dans l’œuvre d’un autre pour assouvir son égo et ses délires morbides d’eugénisme et autres dévastatrices théories, se confondant parfois avec un héros wagnérien et faisant de Bayreuth un autre Nuremberg, surtout que certains descendants du musicien flirtaient avec l’idéologie et son sinistre représentant.



Une enquête à suivre chapitre par chapitre chacun étant parfaitement et subtilement nommés : Ouverture / La valse de l’enfance / Marche vers la révolution / Sarabande de déceptions /Bayreuth vaut bien une messe / Terribles partitions / Symphonies guerrières / Requiem, et qui donnent le ton pour cette funèbre marche de l’Histoire.



L’historien Edouard Husson, par une brillante préface, posent les notes de ce récit wagnérien, un vaisseau où naviguent ces fantômes du passé.
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La "grande valeur" de ce recueil, ajoute l'historien de Yale, c'est qu' "il nous force à penser la Seconde Guerre mondiale en des termes plus universels qu'il nous plairait". A fortiori en cette période où les guerres font rage à quelques heures de l'Europe.
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Fanny Chassain-Pichon, dans cet essai, s'est intéressée tant à l'idéologie de Wagner et d'Hitler qu'à leur relation, malgré les six ans séparant la mort de l'un de la naissance de l'autre. En mettant leurs vies en parallèle, chapitre après chapitre, l'auteure reconstitue leur cheminement intellectuel et les événements marquant l'évolution de leurs croyances. L'un a jeté sa haine des Juifs dans ses opéras et ses textes en prose, l'autre l'a jetée dans son autobiographie et sa solution finale. Pourquoi tant de répulsion? Pourquoi ériger le peuple allemand au-dessus des autres? De la mégalomanie, des déceptions, des crispations égoïstes, Wagner et Hitler ont plus que des points communs: l'un est devenu le maître de l'autre. À cette différence près que le maître n'a pas lui-même mis en œuvre sa volonté d'extermination.

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Ce livre est évidemment très sombre, mais d'un enseignement riche. Pour ma part, je ne savais pas que le Führer avait un modèle et qu'il faisait tout pour se sentir aussi proche que possible de son idole. Les théories répugnantes qu'il a servies au monde n'étaient pas nouvelles, citations à l'appui. La mise en exergue des événements politiques et militaires qu'ont connu ces deux individus, l'étude de leur entourage, la mise en lumière de la recherche d'un plaisir et d'une reconnaissance démesurés sont autant d'éléments que Fanny Chassain-Pichon nous apporte en éclairage, dans un style simple, clair, et accessible à tous.

Au-delà des mots, parfois poignants, employés par les combattants pour s'adresser à leurs proches, le récit tissé par cette série de missives est aussi l'histoire d'un basculement: dans un premier temps, le climat est à la confiance, les soldats ont le sentiment d'une guerre juste, convaincus par exemple qu'il faut attaquer la Russie, car tôt ou tard, c'est Staline qui décidera d'envahir l'Allemagne.
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Fanny Chassain-Pichon croise, dans le livre " De Wagner à Hitler, portrait en miroir d'une histoire allemande" chez passes composés , les parcours de Richard Wagner et son admirateur Adolf Hitler.

Chaque période de la vie de Wagner semble, quasiment aux mêmes tranches de vie, inspirer Hitler, y compris dans les mises en scène de sa vie (et mort... merci au vaisseau fantôme). Hitler joua ses discours de façon théâtrale en témoignent les photos prises lors de ces cours/répétitions.



C'est aussi sans compter sur l'énorme influence du compositeur et ses créations sur l'idéologie de base du IIIe Reich.

Si on prend, par exemple, l’Anneau du Nibelung, on peut y lire des propos antisémites... que Wagner inclura dans les nombreux tomes de ses Œuvres complètes.



Le point central de ce livre est de montrer l’influence de Wagner sur ladite idéologie nazie personnifiée par Adolf Hitler et ce concept de sonderweg qui s'est infiltré, entre 1850 et 1950, dans la culture et société allemande... cette idée d'inégalité des hommes et ce sentiment de valeurs ancestrales de possession de la terre obligatoire.



Je vous invite tout particulièrement à lire le chapitre 6, « Terribles partitions » dont les parallèles font froid dans le dos... si vous ne connaissez rien à l'idéologie nazie.



Bref un livre intéressant, intelligent qui pourrait servir de base à ceux qui veulent commencer à comprendre des rouages de cette période sombre, trouble, nauséabonde mais qui pourrait resurgir si nous n'y prenons garde.

Une collection de quelques lettres; lettres du front, de l'ennui, de la violence, de la bêtise, du désespoir... On aimerait une édition critique...

Ce portrait en miroir décortiqué par Fanny Chassain-Pichon m'a impressionné. Je me rend compte à quel point je méconnais l'histoire Allemande. Je découvre aussi le portrait de Wagner, compositeur de génie mais homme perturbé. Quant à Hitler.. fainéant et homme très perturbé.

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On découvre quelques similitudes dans les parcours de vie de ces deux personnes. Passionnés par les arts, des questions d'identité, des rejets et de la jalousie en veux-tu en voilà. Toutefois, Hitler découvrant Wagner à l'âge de 12 ans, on peut se demander s'il ne marche pas volontairement sur les traces de celui qu'il surnommera "le Maître". C'était un véritable fanatique, réalisant les vœux de Wagner qui rendait les Juifs responsables de ses propres échecs, faisant naître une haine mal placée envers ce peuple chez lui, au sein de sa famille et auprès de ses groupies. Oups.. j'ai dit groupies? Et bien je garde.

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Hitler va également mettre la faute sur les Juifs dès que quelque chose ne lui conviendra plus. Mais là où Wagner se contentera d'exprimer sa frustration sur le papier, Hitler passera à l'action des façons les plus ignobles. Il n'accomplira pas de grandes choses par lui-même en soi. Il avait tendance à se laisser porter par la vie et surtout à ne pas trop forcer. Jusqu'au jour où il s'est rendu compte qu'il dégageait une aura et que les gens l'écoutaient. Que lui-même pouvait être un "maître" pour les autres. C'est ainsi qu'il a créé son empire, montrant à quel point l'Homme pouvait être inhumain.

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Ce livre est une mine d'informations. Je pense que l'autrice a dû passer beaucoup de temps sur les recherches pour proposer un ouvrage qui me semble très complet. Je vais d'ailleurs vous le recommander si vous vous posez la question de comment a-t-on pu en arriver à la Seconde guerre mondiale? Ce pose également une question complètement d'actualité, faut-il séparer l'homme de l'ouvrage créé dans le cas de Wagner?
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