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Citation de coco4649


Bleu des profondeurs …



Extrait 2

Bleu des profondeurs est la tristesse
Profondeur du bleu
Nous n’avons qu’elle
Sommes-nous dans son miroir
ou elle dans le nôtre ?
Cela revient au-même
Le silence de ma femme
est le sel de ma voix
quand elle dit la blessure
et le nom du fleuve
Ses mains sont mes berges
Son silence est un val turquoise
Ma voix me tue quand elle s’y aventure la nuit
et s’en revient martyrisée
ayant vu ce que je ne peux voir
Aube d’une rose
d’oubli blessée
Nous avons la même mère
cette tristesse et moi
Vent après vent
dors
nous déchiffrons le fleuve pour courir
et que courent ses jeunes peupliers après nous
tel un écho de l’appel à la prière
J’ai dit, ô mère
qui d’entre nous est le plus triste
toi, le fleuve ou l’éclair
d’entre mes mains ?
Elle m’a serré contre ses cils mouillés
en murmurant :
Après nous viendront les pigeons
Après nous ?
Au son de ma voix
elle avait retrouvé ses couleurs
Elle a repoussé le lever de la lune
De ses paumes elle a rabattu deux cieux
et a dit : mon fils
la tristesse a inauguré avec nous
ses premiers noms, puis elle s’est répandue
Les déserts ont déversé leurs sables sur le souvenir
Le souvenir a déversé du noir
sur le blanc en dévotion
et du blanc sur le noir courant
Il a entouré de cendres les pierres
depuis les arbres qui inscrivent le poème et l’âge
dans le cahier de la terre
Oui, depuis tant d’exils
entre lesquels l’explication du pays s’est éternisée
depuis un Orient dont le sang fut scindé
pour nous donner la Syrie
C’est pour cela que nous abrégeons
le blé et la sagesse
et remettons en chantier la genèse
pour qu’elle reste en éveil
Quelle âme
flotte cette nuit parmi les voiles
de l’absolu, ou sur ses mâts ?
Les perdreaux ont traversé l’esprit
Dieu passe dans la tristesse
Passent une femme extrême
le silence et le sens
Est passé le voilier
annonciateur du voyage
en un jour pluvieux


/Traduit de l’arabe par Abdellatif Laâbi
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