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Citation de JulienDjeuks


p. 112-113 :
Dans les rames, il palpait l'âme de cette Europe qui l'avait attiré et qui le rejetait à présent […]. Entre cinq et six heures, il savait qu'il allait tomber sur les femmes de ménage maghrébines et africaines qui se rendaient dans les bureaux à nettoyer avant l'arrivée des employés et des fonctionnaires. Les ouvriers kurdes, turcs ou égyptiens s'en allaient eux sur les chantiers de construction, ils luttaient contre le sommeil tenace en serrant contre leur ventre leur gamelle de midi. Entre huit et neuf heures, un autre visage de la société s'offrait à ses yeux émerveillés. Les Françaises et Français « de souche » qui voyageaient alors en grand nombre lui laissaient une impression de gens endeuillés. Dans un silence de cimetière, chacun enfonçait son visage récemment lavé, maquillé ou rasé dans un roman policier américain où des assassins fous commettaient des meurtres à la chaîne et découpaient les victimes en rondelles ou en quartiers comme dans une boucherie. Le soir après une journée de travail harassante, les mêmes Françaises et Français « de souche » s'en revenaient encore plus silencieux et lugubres. Il s'abîmaient davantage dans leurs lectures et l'envie de devenir des criminels fous furieux les obsédaient davantage. Si des Africains ou des Chinois criaient au lieu de parler dans la rame, alors beaucoup de ces Françaises et Français enfonçaient encore davantage leur nez dans les pages dégorgeant de sang et l'envie de passer à l'acte occupait la moindre cellule de leur corps. Armés de tronçonneuses ou de haches, ils s'imaginaient laisser la rame dans un bain de sang, le sang de ces étrangers qui venaient manger le pain des Françaises et Français et qui les empêchaient de lire leurs romans américains en paix.
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