Toutes ses années, il m'apparut aussi inaccessible que l'homme brandissant son piolet sur cette photo, d'abord publiée en exclusivité par Paris Match. Il ne me semblait jamais être redescendu de ce versant sur lequel il se dresse en pleine tempête, tenant à deux mains le drapeau français. Quelque chose d'autre que ses mains et ses pieds n'était-il pas resté sur les flancs de ce sommet considéré comme une déesse par les Népalais : sa sensibilité ? son humanité ? sa propre estime ? Ressentait-il une secrète culpabilité à avoir entraîné Louis Lachenal dans cette folie, même au nom de l'intérêt national, folie dont Lachenal n'allait jamais se remettre ?