À voix basse…
À voix basse et comme plissée dans le souffle, quelques mots hors de prise disloquent l’espace. Ils ignorent où s’efface le vivant. ce qu’ils n’écrivent pas désaltère le silence. Bienvenue en l’absence des ombres de ce qui résiste et renoue. Des traces de connivences suffisent, dans le très proche et le très lointain des absents, elles s’éclairent et nous restituent disponibles.
Naissance du sang, 1934 : La maison de l'enfance
Que veux-tu encore de moi, maison de mon enfance ?
Est-il encore besoin de pousser ta porte,
De déranger la chaleur de la chambre
Où ma mère commença son grand sommeil,
Où ma sœur Jeanne céda ses boucles aux racines ?
Tu répands ta vie, paupières basses
Dans l'ombre de tes murs, au large des années,
Ecoutant s'achever les dernières saisons,
Ecoutant se fêler les arbres du verger.
Tu conserves toujours cette odeur d'herbe
Qui me suivait partout jusqu'aux bancs de l'école.
Et tu tournes le dos aux soleils qui se couchent
Et font place aux oiseaux qui défendent leur nid.
Comme toi, je me couvre d'appels.
Maintenant, les pigeons bleus de l'arc-en-ciel
Se posent sans message dans ta cour.
D'autres clés se prennent à sonner
Dans l'obscure poche d'un étranger,
D'autres mains s'agitent le soir
Autour d'une flamme qui peut-être se souvient,
D'autres enfants se déchirent aux épines du jardin.
Tu portes mal sur l'épaule
L'étoile venue à travers les grands tilleuls,
Tu portes mal le nuage égaré dans le vent,
Ta voilure lasse,
Ta cheminée où se dénouent
Des cheveux d'herbe et de chardon.
Que veux-tu de moi, maison de l'étranger ?
500 - [p. 95]
La vérité de l'homme...
La vérité de l'homme
Elle est au fond des mers
Dans un doux soir de pluie
Dans la cendre d'après
Les journées inutiles
Dans le charme des roches
Le roulis des feuillages
Les poissons les oiseaux
Dans les jeux des miroirs
La vérité de l'homme
Est de verre et de tain