Passage des heures
25 mai 1916
Extrait 1
Je porte dans mon cœur
comme dans un coffre impossible à fermer tant il
est plein,
tous les lieux que j’ai hantés,
tous les ports où j’ai abordé,
tous les paysages que j’ai vus par des fenêtres ou
des hublots,
ou des dunettes, en rêvant,
et tout cela, qui n’est pas peu, est infime au regard de
mon désir.
L’entrée de Singapour, au petit jour, de couleur verte,
le corail des Maldives dans la touffeur de la traversée,
Macao à une heure du matin… Tout à coup je m’éveille…
Yat-lô-lô- lô-lô - lô-lô- lô…Ghi …
Et tout cela résonne en moi du fond d’une autre réalité…
L’allure nord-africaine quasiment de Zanzibar au soleil…
Dar es-Salam (la sortie est difficile…)
Majunga, Nossi-Bé, Madagascar et ses verdures…
Tempêtes à l’entour de Guardafui…
Et le cap de Bonne-Espérance, net dans le soleil du matin…
Et la ville du Cap avec la Montagne de la Table au fond…