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Citation de enkidu_


La femme rendue à sa force primitive, à sa séduction brute, à ses gestes que transcrit une ligne nette. La femme débarrassée de ses ornements, de ses afféteries, de ses roses et de ses bouillonnés, c’est-à-dire du regard tyrannique et bêta que la société portait traditionnellement sur elle. Débarrassée aussi de ses rôles esthétique, social, moral, sexuel. Tel est le sens de la « simplicité » de Saint Laurent, de la « sobriété » qu’il cherche toujours plus. « La beauté ? Aucun intérêt. Ce qui compte, c’est la séduction, le choc. Ce qu’on ressent.  »
[…]
Il déteste aussi les gants, les chapeaux, les diamants, la mode de 1947 à 1964. La femme Saint Laurent ne porte jamais de sac à main, juste un paquet de cigarettes. L’enfant aux doigts d’or tue ainsi son père Christian Dior, en se moquant de ses élégantes qui portaient leur sac au bout de leur bras comme un cabas : « Il ne leur manquait que les poireaux. »

L’esthétique, le social et le politique se mêlent dans cette aversion méprisante, où Yves englobe également « les cheftaines, les bonnes grosses, les sportives ». La rive gauche est exclusive.

Ainsi débarrassée (« libérée »), la femme Saint Laurent doit s’affirmer. Une réclame pour le parfum Rive Gauche montre en 1971 une rousse outrageusement maquillée qui manque d’écraser un policier avant de se goinfrer de gâteau à la crème. Commentaire : « Il fut un temps où les femmes étaient dociles, soumises… Comme elles savaient bien rester à leur place ! Rive Gauche n’est pas un parfum pour les femmes effacées. »

Bien entendu, la femme Saint Laurent doit aussi se libérer sexuellement. L’époque est à cela. La loi Neuwirth a autorisé la vente de la pilule. On édite des manuels d’éducation sexuelle et des encyclopédies érotiques, Sexus, d’Henry Miller, se vend comme des petits pains, Sylvia Kristel incarne Emmanuelle au cinéma, Jane Birkin chante 69, année érotique, plus personne ne veut mourir idiot. En ces années-là, Yves fréquente beaucoup Marrakech et ses vergers d’abricotiers, il y rencontre la femme de Paul Getty, Talitha, une Batave déjantée née à Bali, il bavarde des nuits entières avec ses copines-copains, les filiformes Betty Catroux et Loulou de La Falaise, on fume de l’herbe, on porte des foulards indiens. 
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