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Citation de jacqueslison


Fischer Hackett
Ce qui étonne le plus chez Champlain, c’est qu’il a mis à peine trente ans pour accomplir cette œuvre gigantesque, et ce, en dépit de fréquents revers.
Comment y est-il arrivé ? Tout d’abord, il n’a pas agi seul. Champlain a toujours travaillé avec les autres, Européens comme Indiens. Son monde se composait de nombreux cercles, et il réussissait à collaborer avec des gens qui étaient incapables de s’entendre. Champlain y parvenait parce qu’il s’intéressait sincèrement aux autres et parce qu’il était à l’aise dans la diversité. Ses origines le voulaient ainsi. Enfant, à Brouage, il avait vécu avec la diversité. Jeune homme, en Saintonge, il avait évolué dans une région frontière où se côtoyaient de nombreuses cultures régionales. Les mœurs de cette province s’étaient adaptées depuis longtemps à cet environnement, et cet exemple le suivit pendant toute sa carrière.
Quelque chose d’autre l’avait façonné aussi. Il était parvenu à l’âge adulte dans une France déchirée par des conflits cruels et incessants: quarante années de guerres de religion, neuf guerres civiles, des millions de morts. Sur le champ de bataille, il avait été témoin d’atrocités sans nom. Ce soldat recru de guerre s’était mis à rêver d’un monde nouveau où les gens vivraient en paix avec ceux qui ne sont pas leurs semblables. Après cette longue et terrible guerre, il avait parcouru l’empire espagnol [612] pour le compte de son roi. Il y avait vu les Indiens d’Amérique et les Africains asservis, autre dure leçon. Champlain avait été sincèrement outré par les mauvais traitements qu’il avait observés, et il avait dépeint ces souffrances à son roi au moyen d’images de sa main.
Dans ce monde de cruauté et de violence, Champlain était l’héritier d’une éthique qui avait des racines profondes dans l’enseignement du Christ. Enfant, il avait été initié au paradoxe protestant qui met en valeur l’omnipotence de Dieu et la responsabilité humaine. Plus tard dans sa vie, il s’était fait catholique, et il croyait profondément à l’idée d’une Église universelle ouverte à toute l’humanité. Il partageait l’esprit libéral des humanistes chrétiens français qui avait embrassé la terre entière du regard et considéraient tous les enfants de Dieu comme leurs proches. Leur étude du monde était inspirée par la passion du savoir et la volonté de comprendre les desseins de Dieu sur terre.
Champlain partageait cette vision du monde avec de nombreuses autres personnes de son temps. En France, ils appartenaient à plusieurs cercles d’humanistes. Ce sont des figures importantes mais négligées de l’époque moderne, des hommes qui avaient hérité de la Renaissance et inspiré le Siècle des lumières. Ils avaient conservé l’impulsion vitale de l’humanisme en une époque sombre et difficile. En cela, c’étaient des personnalités mondiales de la plus haute importance, et Champlain occupait une place de taille parmi eux.
En France, de 1585 à 1610, ces cercles humanistes s’étaient formés autour du roi Henri IV, et ils avaient été inspirés par ses idées généreuses de paix et de tolérance. Plusieurs cercles avaient porté leur attention sur l’Amérique du Nord. Champlain œuvra en étroite collaboration avec trois générations de français qui partageaient ces idéaux. Il profita des conseils d’Aymar de Chaste, de Duga de Mons, de Pierre Jeannin, de Cossé-Brissac et du vieux Brûlart-Sillery. Plus près de lui en âge, il y avait Marc Lescarbot. Il collabora également avec la génération suivante des Isaac de Razilly, Charles de La Tour et d’autres. Il y eut aussi plusieurs cercle catholiques humanistes: les jésuites dirigés par Paul Le Jeune et les récollets comme Gabriel Sagar.
En Amérique, les cercles les plus intéressant de Champlain se formèrent autour des chefs autochtones. Il collabora avec Membertou en Acadie, Bessadez en Norembègue, Anadabijou des Montagnais de Tadoussac, Iroquet de la Petite-Nation algonguine, Ochasteguin des Hurons arendarhonons et tant d’autres. (p. 611-612)
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