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4.75/5 (sur 2 notes)

Nationalité : États-Unis
Biographie :

David Hackett Fischer, né le 2 décembre 1935, est un historien et professeur d'histoire américain à l'université Brandeis.

Il a remporté le prix Pulitzer d'histoire en 2005 pour son livre Washington's Crossing (2004).

Une télésérie adaptée de son roman Le rêve de Champlain, co-production de Fair-Play Productions, Slalom Productions et 90th Parallel Productions, sous la production exécutive du Groupe Média TFO, a été présentée en 2015 sur les ondes de TFO, de Télé-Québec et du Canal Savoir.

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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Fischer Hackett
Ce qui étonne le plus chez Champlain, c’est qu’il a mis à peine trente ans pour accomplir cette œuvre gigantesque, et ce, en dépit de fréquents revers.
Comment y est-il arrivé ? Tout d’abord, il n’a pas agi seul. Champlain a toujours travaillé avec les autres, Européens comme Indiens. Son monde se composait de nombreux cercles, et il réussissait à collaborer avec des gens qui étaient incapables de s’entendre. Champlain y parvenait parce qu’il s’intéressait sincèrement aux autres et parce qu’il était à l’aise dans la diversité. Ses origines le voulaient ainsi. Enfant, à Brouage, il avait vécu avec la diversité. Jeune homme, en Saintonge, il avait évolué dans une région frontière où se côtoyaient de nombreuses cultures régionales. Les mœurs de cette province s’étaient adaptées depuis longtemps à cet environnement, et cet exemple le suivit pendant toute sa carrière.
Quelque chose d’autre l’avait façonné aussi. Il était parvenu à l’âge adulte dans une France déchirée par des conflits cruels et incessants: quarante années de guerres de religion, neuf guerres civiles, des millions de morts. Sur le champ de bataille, il avait été témoin d’atrocités sans nom. Ce soldat recru de guerre s’était mis à rêver d’un monde nouveau où les gens vivraient en paix avec ceux qui ne sont pas leurs semblables. Après cette longue et terrible guerre, il avait parcouru l’empire espagnol [612] pour le compte de son roi. Il y avait vu les Indiens d’Amérique et les Africains asservis, autre dure leçon. Champlain avait été sincèrement outré par les mauvais traitements qu’il avait observés, et il avait dépeint ces souffrances à son roi au moyen d’images de sa main.
Dans ce monde de cruauté et de violence, Champlain était l’héritier d’une éthique qui avait des racines profondes dans l’enseignement du Christ. Enfant, il avait été initié au paradoxe protestant qui met en valeur l’omnipotence de Dieu et la responsabilité humaine. Plus tard dans sa vie, il s’était fait catholique, et il croyait profondément à l’idée d’une Église universelle ouverte à toute l’humanité. Il partageait l’esprit libéral des humanistes chrétiens français qui avait embrassé la terre entière du regard et considéraient tous les enfants de Dieu comme leurs proches. Leur étude du monde était inspirée par la passion du savoir et la volonté de comprendre les desseins de Dieu sur terre.
Champlain partageait cette vision du monde avec de nombreuses autres personnes de son temps. En France, ils appartenaient à plusieurs cercles d’humanistes. Ce sont des figures importantes mais négligées de l’époque moderne, des hommes qui avaient hérité de la Renaissance et inspiré le Siècle des lumières. Ils avaient conservé l’impulsion vitale de l’humanisme en une époque sombre et difficile. En cela, c’étaient des personnalités mondiales de la plus haute importance, et Champlain occupait une place de taille parmi eux.
En France, de 1585 à 1610, ces cercles humanistes s’étaient formés autour du roi Henri IV, et ils avaient été inspirés par ses idées généreuses de paix et de tolérance. Plusieurs cercles avaient porté leur attention sur l’Amérique du Nord. Champlain œuvra en étroite collaboration avec trois générations de français qui partageaient ces idéaux. Il profita des conseils d’Aymar de Chaste, de Duga de Mons, de Pierre Jeannin, de Cossé-Brissac et du vieux Brûlart-Sillery. Plus près de lui en âge, il y avait Marc Lescarbot. Il collabora également avec la génération suivante des Isaac de Razilly, Charles de La Tour et d’autres. Il y eut aussi plusieurs cercle catholiques humanistes: les jésuites dirigés par Paul Le Jeune et les récollets comme Gabriel Sagar.
En Amérique, les cercles les plus intéressant de Champlain se formèrent autour des chefs autochtones. Il collabora avec Membertou en Acadie, Bessadez en Norembègue, Anadabijou des Montagnais de Tadoussac, Iroquet de la Petite-Nation algonguine, Ochasteguin des Hurons arendarhonons et tant d’autres. (p. 611-612)
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Fischer Hackett
Mais son autorité avait des limites, particulièrement en ce qui concernait Richelieu. Celui-ci n’avait pas voulu de Champlain, et il avait fait connaître sa méfiance à son égard. Cela était peut-être attribuable au fait que Champlain avait été proche d’Henri IV. On se méfiait peut-être également de son passé protestant. Il y avait enfin la question du rang. Le blason de Champlain ne comptait aucun quartier de noblesse. Il n’était pas chevaliers de Malte non plus. Mais Richelieu devait surtout être agacé par le caractère de Champlain. L’homme obéissaient à ses supérieurs en tout, mais sa vraie loyauté allait à son dessein pour la Nouvelle-France. Quelle qu’en fut la raison, Richelieu limita l’autorité de Champlain au rang de lieutenant responsable de la vallée du Saint-Laurent et lui refusa le titre de gouverneur. Le cardinal prenait soin d’affirmer sa propre autorité et de restreindre celle de ses subordonnés, surtout si la bride qu’il leur mettait sur le coup avait près de cinq mille kilomètres de long.
Ceux qui connaissaient Champlain et étaient allés avec lui en Amérique ne voyaient pas du même œil l’homme et son rôle. Richelieu n’avait pas voulu lui accorder le titre de gouverneur: soit, les gens de Québec le firent à sa place. Parlant de lui, il disaient « notre gouverneur » ou même « mon gouverneur ». Les Indiens du Saint-Laurent [515] allèrent plus loin. En 1633, il le baptisèrent le «capitaine des Français», de tous les Français. Les Européens des autres nations traitaient Champlain avec déférence lorsqu’ils avaient à faire à lui en Amérique. Les habitants de la Nouvelle-France aussi. Religieux et Laïcs, habitants et matelots, colons de Québec et d’Acadie, pêcheurs interprètes, tous voyaient en lui leur chef. (p. 514-515)
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Fischer Hackett
Ce moment [La Grande Tabagie de 1603, à Tadoussac] fut un événement de la plus haute importance dans l’histoire de l’Amérique. Cette rencontre n’avait absolument rien d’organisé, mais de chaque côté, les chefs avaient tout de suite entrevu les promesses qu’elle renfermait. La Grande Tabagie marque le début d’une alliance entre les fondateurs de la Nouvelle-France et trois nations indiennes. L’adhésion de chacun était libre, et chacun y trouva son profit. Les Indiens recrutaient un allié potentiel contre leurs ennemis mortels, les Iroquois. Les Français trouvaient un appuis pour leur établissement, l’exploration et le commerce. L’alliance formée ce jour-là allait durer longtemps parce qu’elle reposait sur l’intérêt matériel bien compris de chacun.
Les chefs qui s’étaient rencontrés à la pointe aux Alouettes avait réussi autre chose encore. Ils avaient fixé le ton de leur alliance. Pont-Gravé, Champlain, Anadabijou, les autres sagamos présents, et surtout les deux jeunes Montagnais qui avaient vu Paris, avaient fait œuvre commune. La dignité et le respect avaient marqué leurs échanges. Ils avaient ainsi créé une atmosphère de confiance qui était essentielle aux relations entre Européens et Indiens. Plus tard, ils veillèrent aussi à nourrir cette confiance. Quand la confiance régnait, tout devenait possible. Quand elle se perdait, elle revenait rarement. Il faut retenir de cette rencontre aussi bien son esprit que sa substance: elle marqua le début d’une relation unique dans la longue histoire de la colonisation européenne en Amérique. Il est d’ailleurs resté quelque chose de cet esprit au Canada entre Européens et Indiens, même de nos jours : ce qui constitue en soi un exploit extraordinaire. (p. 160)
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Fischer Hackett
L’imbroglio des meurtriers montagnais fait ressortir la conception multiethnique que Champlain s’était faite de la justice et qui était si fondamentale à l’exécution de son grand dessein. Il était aux prises avec de nombreux problèmes relatifs à l’ordre et à la justice en Nouvelle-France. Par tâtonnements, il trouva des moyens de résoudre bon nombre d’entre eux exactement dans cet esprit nouveau. Il repoussa l’idée antique d’une justice fondée sur la vengeance, qui trouvait des adhérents de tous côtés. Il écarta aussi l’idée européenne de la procédure judiciaire aboutissants à une exécution pour meurtre (chose inacceptable pour de nombreuses nations indiennes). Et il ne pouvait admettre la coutume indienne qui consistait à régler les affaires de meurtre seulement par une réparation (choses inacceptables pour les Européens). Écartant ces diverses conceptions de la justice, il inventait avec les autres un ensemble de principes qui combinaient l’équité et l’équilibre dans l’humanité et la retenue. Il insistait pour que le meurtre fût puni, mais il favorisait la modération et atténuait la rigueur de la loi coutumière des deux côtés. Et le plus important, il cherchait le moyen de maintenir la paix, de faire régner une forme de droit et de justice que tous pourraient admettre. (p. 414)
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Le «dessein» de Champlain est né de la vision qu’Henri IV avait de la Nouvelle-France. Les deux hommes avaient beaucoup en commun sur ce point. Les deux avaient réprouvé les horreurs dont ils avaient été témoins pendant les guerres de religion. Le deux rêvaient d’une nouvelle France en Amérique du Nord qui tablerait sur le meilleur du Vieux Monde qu’ils connaissaient et sur une idée généreuse de l’humanité qui embrassait des gens différents d’eux-mêmes. Certains mauvais esprits qui font métier d’écrire l’histoire aujourd’hui n’ont que moqueries pour une telle pensée. Mais ces Français extraordinaires qui vivaient il y a [91] quatre siècles de cela avaient vu de leurs yeux les pires cruautés que les hommes peuvent s’infliger les uns aux autres. Ils savaient aussi quelque chose à propos de la condition humaine que d’autres n’apprendraient jamais. Ils avaient vu la bonté et la noblesse dont les êtres sont capables dans les pires moments, d’où l’espoir qu’ils avaient de fonder un monde meilleur. (p. 90-91)
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Fischer Hackett
Champlain à joué ainsi un rôle capital dans la fondation de trois cultures francophones distinctes en Amérique du Nord : la québécoise, l’acadienne et la métisse. On pourrait aussi ajouter une quatrième culture : celle de pays de la pêche avec les anciens établissements de Miscou, de la baie des Chaleurs, du Cap-Breton et de Plaisance à Terre-Neuve.
Chacune trouve son origine dans des régions différentes de la France et a donné naissance à une population, une langue, une culture matérielle distinctes qui se sont cristallisées dans un processus complexe de persistance et de changement. Toutes se sont mises à prendre forme vers les années 1632–1635, dans une époque charnière marquée par de grandes de mutations. Et Champlain y était pour beaucoup dans la naissance de chacune. Pour cette raison, il est vraiment permis de dire qu’il est le père du Canada français. (p. 590)
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Fischer Hackett
On voit ici [en 1615] croître la foi de Champlain, ainsi que son caractère particulier. Sa pensée faisait peu de place à la théologie et encore moins à l’ecclésiologie, mais elle était toutes tournée vers la piété. Fidèle à l’esprit d’universalité de l’Église catholique, la piété de Champlain embrassait toute l’humanité : attitude fort différente de celle des calvinistes qui fondèrent la Nouvelle-Angleterre et la Nouvelle-Hollande. Champlain croyait que le christianisme affranchissait les hommes, les rendait « plus libre », comme il dit. Pour lui, la grâce libérait du péché, et le christianisme, c’était la liberté de ne faire qu’un avec le Christ, en communion avec les autres âmes libres. Ces idées prenaient de plus en plus de place dans sa vie, et dans l’histoire de la Nouvelle-France. (p. 369)
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Fischer Hackett
Les gentilshommes de Nouvelle-France n’éprouvaient aucune sympathie pour les «croquants» [menu fretin venu de France : les clous à l’avant et à l’arrière de leurs sabots faisaient croc, croc à chaque pas] et n’avaient que répugnance pour les notions de démocratie et d’égalité. Ils étaient plus prompts à reconnaître l’humanité des indiens que celle de leurs propres serviteurs et journaliers, attitude que Champlain partageait. (p. 246)
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Fischer Hackett
La plus grande réalisation de Champlain n’est pas sa carrière d’explorateur, ni sa réussite comme fondateur. Ce qu’on retient de lui, c’est le leadership exemplaire qu’il a mis au service de l’humanité. C’est ce qui a fait de lui une figure d’envergure mondiale dans l’histoire moderne. C’est l’héritage qui nous a laissé à tous. (614)
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