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Citation de Livretoi


Je trouve souvent qu’on fait un mauvais procès à Dom Juan lorsqu’on dit qu’il prend les femmes pour des objets, ou qu’il ne vit que pour la jouissance. Je trouve surtout qu’il voit de telles beautés dans tous les corps féminins, et qu’il est si apte à les leur révéler, qu’il est un bienfaiteur de l’humanité. Dom Juan trouve toutes les femmes irrésistibles ; c’est bien ce que dit l’air du Catalogue de Leporello, dans l’opéra de Mozart : la grande et la petite, la grasse et la maigre, la légère et la grave, toutes, chacune, présentent un charme à elles pour celui qui sait le voir. Dom Juan est une ruse de la nature ou de la culture au service des femmes : non pour les rendre heureuses dans le quotidien, certes, mais pour leur rendre à elles-mêmes leur beauté singulière, qu’il peut d’autant mieux dégager qu’il a beaucoup d’expérience. S’il ne peut leur accorder qu’une nuit, c’est justement qu’en une seule il est capable de cette révélation, et que, comme toutes sont belles, il ne peut s’attarder. On ne peut lui reprocher de n’accorder pas assez de temps à chacune puisqu’il est consacré à la beauté féminine en général. C’est la puissance même de son regard qui fait qu’il est volage. La femme devrait plutôt en profiter que le maudire.
Dans mes plus folles ambitions, je rêverais d’être cette femme-là pour les hommes, une femme universelle à qui une quantité plantureuse d’hommes semblerait délicieuse. Je rêverais d’être cette clairvoyante-là, loin des canons qui tirent à boulets rouges sur les différences, les détails originaux, inattendus. Mais je dois rester modeste. Je n’en ai pas les moyens. Ce qui m’est accessible, c’est tout humblement d’aimer regarder les passants et de rêver tranquillement à leur corps.
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