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3.67/5 (sur 3 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1970
Biographie :

Docteur en Littérature et civilisation française et comparée de l’université de Paris IV, Florent Montaclair est enseignant à l'Université de Franche-Comté. Il est spécialiste du fantastique romantique et du roman-feuilleton.

Florent Montaclair est l’heureux lauréat de la médaille d’or de philologie 2015. C’est la plus haute distinction scientifique à l’international dans le domaine des lettres.

Florent Montaclair est le premier Français à obtenir la médaille d’or de philologie. Umberto Eco est sans conteste le plus illustre de ses prédécesseurs.

Il enseigne la littérature générale et comparée à l’université de Franche-Comté à l’UFR STGI (Unité de formation et de recherche en Sciences, techniques et gestion de l’industrie) de Belfort et à l’ESPE (ex-IUFM) à Besançon.

2010 "Le vampire dans la littérature romantique française 1820-1868"

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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
Victor Hugo (1802-1885) avait donné le ton de l'hispanisme, lui qui télescope dans son imaginaire son pays de naissance et ses souvenirs de petit enfant, Besançon et Madrid. Il ne vécut dans la région que quelques semaines et il refusa d'y revenir lorsque la ville de Besançon le fit citoyen d'honneur. Son œuvre a influencé tous ses contemporains : Besançon est espagnole, sans débat possible.

« Ce siècle avait deux ans : Rome remplaçait Sparte
Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte.
Et du premier consul déjà par maint endroit
Le front de l'empereur brisait le masque étroit.
Alors dans Besançon vieille ville espagnole
Jeté comme une graine au gré de l'air qui vole
Naquit d'un sang breton et lorrain à la fois
Un enfant sans couleur, sans regard et sans voix. »

(…)

On le lit donc, ce n’est pas l'histoire qui fait de la Franche-Comté une terre espagnole, mais l'imaginaire littéraire issu de la grande influence de Victor Hugo et de Charles Nodier, et plus modérément des écrivains Comtois majeurs de la seconde moitié du XIXème siècle, Xavier de Montépin et Xavier Marmier.
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Jules Cesar donne de la capitale de la Séquanie une description, dans un livre, La Guerre des Gaules, où les descriptions sont très rares. Les ouvrages a vocation éducative ont donc très souvent eu recours a cet extrait et la description de Vesontio par Cesar est un passage connu de tout apprenant du latin, depuis Ie Moyen Age jusqu'au vingtième siècle.

Ainsi, on lit d'abord l’extrait suivant: « Après trois jours de marche, on [...] apprit [à Cesar] qu'Arioviste, avec toutes ses forces, se dirigeait vers Vesontio, la ville la plus importante des Séquanes, pour s'en emparer, et qu'il était déjà à trois jours des frontières de son royaume. Cesar pensa qu'il fallait tout faire pour éviter que la place ne fut prise».

Puis vient la description de la ville de Vesontio (Besançon) dans la Guerre des Gaules : « En effet, elle possédait en très grande abondance tout ce qui est nécessaire pour faire la guerre ; de plus, sa position naturelle la rendait si forte qu'elle offrait de grandes facilités pour faire durer les hostilités : le Doubs entoure presque la ville entière d'un cercle qu'on dirait tracé au compas ; l’espace que la rivière laisse libre ne mesure pas plus de seize cents pieds, et une montagne élevée le ferme si complètement que la rivière en baigne la base des deux cotés. Un mur qui fait le tour de cette montagne la transforme en citadelle et la joint à la ville. »

Cette description est importante dans l’économie générale du Livre I, car elle donne des informations idéologiques au lecteur de Rome : des Germains et des Helvètes menacent la Gaule. Leur jonction dans une place comme Vesontio, déjà forte par son emplacement géographique, mettrait en péril la Gaule romaine (la Narbonnaise) et donnerait une puissance aux « envahisseurs » qui fragiliserait l'implantation de Rome en Gaule chevelue.

La description de Vesontio comme place imprenable n'est donc pas une volonté de « réalisme littéraire » (notion fort problématique pour la lecture de César), ni une simple pause esthétique (il faut des descriptions de lieux dans un récit) mais une explication politique de la situation. II y a très peu de descriptions dans La Guerre des Gaules, ce qui rend cette présentation de Vesontio d'autant plus importante idéologiquement. La ville inexpugnable justifie le franchissement du Rhone par l’armée romaine.

Et le texte se termine par « César se dirige vers cette place a marche forcée de jour et de nuit; il s'en empare et y met garnison ». Le génie militaire de l'auteur triomphe de l'imprenable place forte.
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Si la Franche-Comté gagne une existence dans la représentation collective, c'est parce qu'elle émarge dans la culture occidentale grâce à César et que la figure de César est instrumentalisée par le pouvoir royal français.

Jules Verne, dans sa Géographie de la France, place ainsi deux phénomènes en parallèle : conquête par Louis XIV, conquête par César : « BESANCON (46 961 hab.), préfecture et chef-lieu du département, divisé en deux cantons, est situé dans un petit coude du Doubs qui l'entoure presque entièrement de ses eaux, à 388 kilomètres de Paris. Ce bassin est environné de montagnes qui rendent difficile l'accès de cette ville, et en font l'une des premiers places de guerre de la France ; elle est défendue par les forts du Griffon, de Beauregard, de Brégille, qui sont bâtis extérieurement à la ligne du Doubs, et par la citadelle, qui s'élève à l'endroit où le Doubs se resserre pour former un isthme étroit ; cette citadelle a été constmite sur l’emplacement d'un ancien camp romain, puis agrandie par Vauban, et elle est encore défendue par un camp retranché protégé par deux lunettes. [...]

Besançon est une ville très-ancienne, et formait déjà une importante et florissante cité quand César entra dans les Gaules. Auguste en fit la capitale de la grande Séquanaise, et elle dut à Aurélien une grande partie de ses embellissements. A l'époque de l'invasion des barbares, elle passa sous la domination bourguignonne : mais plus tard, elle appartint à l'Espagne et enfin à Louis XIV. Depuis elle a joui d'une tranquillité bien due à une ville qui fut successivement assiégée depuis sa fondation par les Allemands, les Vandales, les Bourguignons, les Huns, les Impériaux, les Anglais, les protestants, les Français. »
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Rappelons que le XIXème siècle remplaça une idéologie nationale faite implicitement (et pour la haute société aristocratique passant par les correspondances, les mémoires, les salons) par une idéologie largement diffusée par l’école. Or l'école de la Troisième République a un avis sur la Franche-Comté. Et on le voit dans les textes à usage scolaire.

Enorme succès scolaire que ce livre. Le Tour de France de deux enfants, de Bruno (Augustine Fouillée de son vrai nom- 1833-1923), qui devint le manuel de géographie, de lecture, d’instruction morale de plusieurs générations, de 1877 à l’après Seconde Guerre Mondiale ! Certes, quelques transformations eurent lieu, lorsque l'école devint laïque (1882) : le père, en mourant, ne dit plus « Dieu », mais « France » ; en arrivant sur le parvis de Notre-Dame, les enfant n'y entrent plus pour prier Dieu de libérer l'Alsace du joug allemand... Reste que le thème guerrier est très présent : ces deux jeunes Alsaciens qui quittent la région devenue allemande pour retrouver leur oncle à Marseille, visitent la France avec l'idée de la Revanche : en Bourgogne, ils se recueillent sur la tombe de Vauban, souhaitant que de nouveau la France ait de grands maréchaux. Et à Besançon, ils se réjouissent de voir une place forte aussi imprenable. Référence à César, sans doute, mais aussi au contexte diplomatique entre la France et l'Allemagne post guerre de 1870. «On arriva à Besançon le plus gaîment du monde. Julien remarqua que cette ville est une place forte et qu'elle est toute entourée par le Doubs, sauf d'un côté ; mais de ce côté-là, la citadelle se dresse sur une grande masse de rochers pour défendre la ville. Julien, quoique bien jeune, avait déjà assisté au siège de Phalsbourg, aussi les places fortes l'intéressaient. Il admira beaucoup Besançon, et en lui-même il était content de voir que la France avait l'air bien protégée de ce côté-là. »

Deux visions diamétralement opposées se développent alors. Avant la guerre de 1870, Belfort est une terre plutôt déplaisante, peuplée de Juifs et d'Allemands mal francisés. Mais après la guerre, Belfort est un symbole national de rattachement au territoire national, un exemple de région appartenant au cœur même de la Nation.
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Une région frontalière, fut-elle militairement forte, change de maître en fonction des circonstances...

Le mot de la fin pour Alexandre Dumas : « Au petit jour il se réveilla, sauta en bas de son lit avec une résolution toute militaire, et se promena autour de sa chambre en réfléchissant.

- En 43, dit-il, six mois à peu près avant la mort du cardinal, j'ai reçu une lettre d'Athos. Où cela ? Voyons... Ah ! c'était au siège de Besançon, je me rappelle... j'étais dans la tranchée ».

Le fameux siège de Louis XIII de 1643 ? Jamais Besançon en fut assiégée à cette date...
Mais dans l'imaginaire français, dire Besançon signifie faire la guerre.
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Il faut aussi signaler qu'une autre figure renforce la dimension patriotique de la région : Claude Rouget de l'Isle, né à Lons-le-Saunier. Parmi tous les textes le mettant en scène, une mention spéciale doit être donnée à Alexandre Dumas, qui retrace la composition et la première interprétation de cet Hymne du Rhin devenu Marseillaise.

« Au nombre des convives, habitué de la maison de Diétrich, ami de la maison, était un jeune et noble Franc-Comtois nommé Rouget de l'Isle. — Nous l'avons connu vieux, et lui-même, en nous l'écrivant tout entière de sa main, nous a raconté la naissance de cette noble fleur de guerre à l’éclosion de laquelle assiste le lecteur. — Rouget de l'Isle avait alors vingt ans, et, comme officier du génie, tenait gamison à Strasbourg.

Poète et musicien, son piano était un des instruments que l'on entendait dans l’immense concert ; sa voix, une de celles qui retentissaient parmi les plus fortes et les plus patriotiques.

Jamais banquet plus français, plus national, n'avait été éclairé par un plus ardent soleil de juin.

Nul ne parlait de soi : tous parlaient de la France.

La mort était là, c'est vrai, comme dans les banquets antiques ; mais la mort belle, souriante, tenant non point sa faux hideuse et son sablier funèbre, mais, d'une main, une épée, de l'autre, une palme !

On cherchait ce qu'on pouvait chanter : le vieux Ça ira était un chant de colère et de guerre civile ; il fallait un cri patriotique, fratemel et, cependant, menaçant pour l'étranger.

Quel serait le moderne Tyrtée qui jetterait au milieu de la fumée des canons, du sifflement des boulets et des balles, l'hymne de la France à l'ennemi ?

A cette demande, Rouget de lflsle, enthousiaste, amoureux, patriote, répondit : - C'est moi !

Et il s'élança hors de la salle. En une demi-heure, tandis que l'on s'inquiétait à peine de son absence, tout fut fait, paroles et musique ; tout fut fondu d'un jet, coulé dans le moule comme la statue d'un dieu.

Rouget de l'Isle rentra, les cheveux rejetés en amère, le front couvert de sueur, haletant du combat qu'il venait de soutenir contre les deux sœurs sublimes, la musique et la poésie.

- Écoutez ! dit-il, écoutez tous !

Il était sûr de sa muse, le noble jeune homme. A sa voix, tout le monde se retourna, les uns tenant leur verre à la main, les autres tenant une main frémissante dans la leur.

Rouget de l'Isle commença :

Allons, enfants de la patrie,
Le jour de gloire est arrivé !
Contre vous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé.
Entendez-vous dans nos campagnes.
Rugir ces féroces soldats ?
Ils viennent jusque dans nos bras,
Egorger nos fils, nos compagnes !
Aux armes, citoyens ! formez vos bataillons !
Marchons, marchons ;
Qu'un sang impur abreuve nos sillons !

(…)

- Allons, dit une voix, la France est sauvée ! Et toutes les bouches, dans un cri sublime. De profundis du despotisme, Magnificat de la liberté, s'écrièrent

Aux armes, citoyens! formez vos bataillons !
Marchons, marchons,
Qu'un sang impur abreuve nos sillons.

Puis ce fut comme une joie folle, enivrante, insensée ; chacun se jeta dans les bras de son voisin ; les jeunes filles prirent leurs fleurs à pleines mains, bouquets et couronnes, et semèrent tout aux pieds du poète.
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Françoise Bourdin, dans Gran Paradiso, met en scène un jeune vétérinaire de la région parisienne qui veut ouvrir un zoo. Il lui faut de l'espace vierge, brut, d'où le nom du zoo « A l'état sauvage »!.

Le Jura devient un espace lointain et une terre de tous les possibles. Une curieuse réflexion du héros donne le ton, dès le début. Son frère arrive vers 15h dans le Jura. Depuis Paris, « Valère avait dû partir tôt et rouler très vite » (p. 44). Le Jura est très loin de la Capitale, même si les indicateurs routiers mettent les quatre cents kilomètres qui séparent Lons-le-Saunier de Paris à 4hl5 de trajet !

Dans cette savane montagneuse, les lions, girafes, tigres, panthères noires, gorilles, toucans côtoieront les ours et les loups : « Certes, le climat était rigoureux dans le Jura, mais tout était prévu pour que les animaux sensibles au froid soient bien à l'abri » (p. 91). On y nourrit les pandas au bambou (p.143).

Pour la couleur locale, nous avons l'indication que la représentante du Conseil Régional qui finance le parc habite un « charmant appartement meublé à Lons-leSaunier » avec « une porte cochère » (p. 141). Et le plus typique est que chaque maison-hôtel du zoo est équipé d'un poêle à bois. « II y aura peut-être encore de la neige c'est magique quand un loup ou un ours s'y aventure ! Et nos maisons sont équipées de poêle à bois qui les rendent confortables » (p. 157). Un parc moderne dans un cadre du XIXème siècle.

Reste que le Jura de carte postale est bien là. La sœur du héros parle au cuisinier du zoo et déclare : « II m’a expliqué comment il travaille les morilles, pourquoi il utilise le crémant du Jura, et de quelle façon il met le comté en feuilleté » (p. 58). Trois produits identifiés aujourd'hui comme locaux qui fabriquent l'imaginaire du Jura.
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