(...) cet hypothétique voyageur du froid, survivant parmi les morts, ombre parmi les ombres, pourrait voir, par-delà la fenêtre de cette tour, le faciès d’un homme sans âge. Mais cet inconnu, assis face à ce désert de glace, ne le verrait pas, le regard perdu dans un tourbillon confus de souvenirs immémoriaux. Peut-être poserait-il ses yeux voilés sur ce voyageur ; toutefois, il ne lui accorderait aucune attention, car dans ce monde moribond où il se savait être le dernier des vivants, tout autre que lui ne pourrait être qu’un fantôme anonyme échappé des tréfonds de sa mémoire.