Selon Philippe Soupault, la danse "est l'art du mouvement, ces mots étant pris dans leur sens propre". Le mouvement est bien le dénominateur commun de toutes les formes de danse. Tout mouvement est-il de la danse ? Bien sûr que non. Mais l'art chorégraphique n'a cessé de repousser les limites du mouvement dansé. La danse est preneuse du mouvement virtuose comme du geste quotidien, des grands sauts comme d'un tombé au sol, de l'arabesque comme de la flexion d'un index.
Entrée : Mouvement
La danse moderne se répartit en deux courants distincts, qui se sont parfois influencés, les courants américain et allemand. Apparus au début du XXe siècle, ils ont en commun le fait de consommer la rupture avec la danse classique. Trois Américaines avaient ouvert la voie : Loïe Fuller et ses danses serpentines, Isadora Duncan et la danse libre, Ruth Saint Denis et ses solos exotiques.
En Allemagne, en écho à la culture du corps qui se développe alors, de nouvelles formes de danse apparaissent dès les années 1910. De très nombreuses écoles de danse s'ouvrent et favorisent la constitution de groupes de jeunes professionnels. La forme du solo est très répandue, mais des danses de groupe sont également créées. On oscille entre affirmation de soi et goût du collectif. On parle alors de "danse moderne", de "nouvelle danse", de "danse-art", ou de "danse d'expression" (Ausdruckstanz).
Rudolf Laban s’attache à ce qu'il nomme la "pensée motrice" de la danse, qui se constitue sans les mots et met en jeu "l'intelligence du corps" ; il analyse les éléments fondamentaux du mouvement. Mary Wigman associe un état de transe à la recherche de la qualité des sensations. Elle est très attentive à l'intériorité du danseur comme support de la danse.
Entrée : Moderne (danse)
La danse hip-hop est connue. Or il existe bien d'autres danses urbaines qui ne sont pas seulement nées aux États-Unis. Le pantsula ? C'est à Johannesburg où, en 1992, "on danse contre la mort" pour ne pas se laisser abattre par le fait de croiser quotidiennement des cadavres sur la route. Le passinho ? C'est dans les favelas de Rio de Janeiro, où les "petits pas" de la danse deviennent une "arme". Le dancehall ? C'est une danse de la Jamaïque qui pratique l'humour. Le krump ? C'est la Californie dans les années 1990. Une danse qui opte pour une apparente violence. Elle tend à "débusquer des monstres et à dire l'inarticulé des paroles rentrées dans la gorge de ceux qui ne peuvent même plus crier", selon le chorégraphe Heddy Maalem.
Entrée : Urbaines (danses)
En danse contemporaine, il semble plus aisé de vieillir et de danser encore. La virtuosité ne résidant pas forcément dans la réalisation de prouesses physiques, l'âge joue un moins grand rôle. Force est cependant de constater que ce sont souvent les chorégraphes qui dansent alors qu'ils sont âgés et que cela se vérifie moins pour les danseurs.
En ce qui concerne les relations entre âge et interprétation, la démarche adoptée par Pina Bausch pour Kontakthof est exemplaire. Elle crée cette pièce chorégraphique en 1978 pour les danseurs de sa compagnie, qui ont, peu ou prou, la trentaine. Elle la reprend en 2000 avec des "seniors", c'est : Kontakthof pour dames et messieurs de 65 ans et plus. En 2008 est créée une version plus juvénile : Kontakthof pour adolescents de plus de 14 ans. On saisit alors que la chorégraphie élaborée par Pina Bausch est si forte que l'écart d'âge entre les différents interprètes donne une nouvelle puissance à l’œuvre. Les "jeunes" sont magnifiques et émouvants. Les "vieux" sont magnifiques et émouvants. Vieillir, un potentiel artistique ?
Entrée : Vieillir
Lire aussi est un art vivant.
Robert Filliou