Durant les périodes de conflits familiaux (donc, tout le temps), ma grand-mère aimait essayer de désamorcer la violence ambiante en déclamant benoîtement la phrase suivante : « L’amour, c’est plus fort que la batarre. » Elle était par ailleurs incapable de la moindre agressivité. Sauf contre elle-même. Dans ses moments de grande angoisse, Raymonde se mordait les avant-bras en criant. Comme elle n’avait pas de dents, son geste restait vain. On aurait dit une tortue qui essayait de gruger une chop de porc.