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Citation de enkidu_


« Le ton de la presse antisémite de Vienne me paraissait indigne des traditions d'un grand pays civilisé. J'étais obsédé par le souvenir de certains événements remontant au Moyen Age et que je n'aurais pas voulu voir se répéter. » (p. 56)

Hitler dégoûté par la vulgarité de la presse antisémite! Tenaillé par la honte des pogroms médiévaux, y voyant une tache sur l'histoire de l'Allemagne! Claironnant tout cela dans un livre-manifeste, plus tard répandu par ses soins dans tous les foyers de son pays! On se frotte les yeux, et pourtant c'est écrit. C'est donc fort logiquement que l'auteur note, un peu plus loin, que le ralliement à l'antisémitisme fut « sa conversion la plus difficile ».

Il évoque alors sa rencontre, dans une rue de Vienne, avec un Juif de l'Est, à l'allure bien différente des intellectuels viennois en voie d'assimilation, « un personnage en long caftan avec des boucles de cheveux noirs ». Il se posa successivement deux questions : « est-ce là aussi un Juif ? » puis « est-ce là aussi un Allemand ? ». Beaucoup datent de cet épisode mal situé, mais présenté comme suivant d'assez près son arrivée à Vienne, la fatale conversion. C'est ignorer le paragraphe suivant, où l'auteur écrit qu'il a cherché les réponses dans des brochures antisémites, les premières qu'il ait lues, et que, les ayant trouvées bien sommaires, il est « retombé dans ses anciens préjugés ».

Le récit de la période où il s'en est extrait fourmille d'incohérences. Ainsi, c'est après avoir pris conscience de la malpropreté physique et morale des Juifs (p. 61-62) qu'il aurait découvert que « le Juif était le chef de la social-démocratie » et que « les écailles [lui] tombèrent des yeux » (p. 64). Néanmoins, il aurait encore cherché à discuter avec les Juifs pour les « délivrer » de leur « façon de voir » (p. 66). C'est seulement après l'échec de telles tentatives qu'il « finit par les haïr ». Alors il se serait lancé dans l'étude des classiques du marxisme, pour résoudre une grave question : les fondateurs de la doctrine s'étaient-ils trompés, ou avaient-ils voulu tromper ? Et ce n'est que lorsqu'il eut tranché définitivement en faveur de la dernière solution qu'il cessa d'être un « cosmopolite sans énergie », à la faveur de la « révolution la plus profonde » qu'il ait « jamais eu à mener à son terme ». (p. 69) (chapitre 2)
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