Mon mystérieux sourire en est la preuve. Cependant, que tant de personnes, originaires de tant de pays différents, attendent patiemment leur tour pour me voir quelques instants est un honneur.
Comme celui de voir arriver chaque jour Geneviève, l'une de mes guides préférées, pleine d'enthousiasme, tellement passionnée par son métier et l'oeuvre de Léonard qu'elle ne semble jamais lassée de répéter les mêmes histoires. On dirait qu'elle me découvre à chaque visite. Ceux qui font partie de son groupe ne sont pas toujours conscients de leur chance. Il y a aussi le plaisir de retrouver régulièrement les mêmes amateurs d'art venus passer un long moment auprès de moi. Leur fidélité est touchante, j'aimerais savoir ce qu'ils ressentent en me dévisageant comme ils le font, avec des yeux emplis d'admiration.
Ceux-là viennent principalement le soir, quand la foule est partie.
Cent cinquante-deux. Aujourd'hui, je n'ai pas été plus loin. Un moment d'inattention, et je ne savais plus où j'en étais. Tant pis.
Hier, en revanche, j'ai tenu jusqu'à quatre cents tout rond. Que voulez-vous, il faut bien que je m'occupe, alors dès l'ouverture du musée, quand je suis encore reposée par la nuit, je compte les visiteurs. J'admets qu'on fait plus intelligent, mais ce n'est pas mal pour une vieille dame de cinq cents ans, non ?