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Citation de Jean-Daniel


Chapitre 4. La retraite : droit imprescriptible ou état impensable ?
Le mot « retraite » a deux significations. En langage militaire, il signifie « déroute, débandade, défaite » – bref une catastrophe sans retour. En langage religieux, il désigne un temps de méditation, de silence, qui débouche sur un approfondissement de la vie spirituelle, un retour à l’équilibre, un progrès dans la sagesse et la sérénité.
Ces deux significations sont opposées. Elles marquent bien l’ambiguïté du geste dont le mot dérive étymologiquement. Se retirer, c’est, pour un militaire, déserter, abandonner le champ de bataille qui est aussi le champ d’honneur. C’est se déshonorer, renoncer à ce qui fait sa valeur et son être : le combat. Se retirer, pour un homme en quête spirituelle, c’est quitter le monde, source de distractions et de vanités, pour chercher ce qui seul vaut : Dieu, qu’on ne peut rencontrer que dans la solitude du recueillement. C’est se retrouver, s’accomplir, réaliser sa vocation propre.
Où situer la retraite des retraités dans cette sémantique contradictoire ? Ce dont on se retire, c’est du travail, activité à la fois productive et sociale, dont Hegel et Marx ont montré le caractère profondément humanisant. En ce sens, la retraite est déshumanisante, puisqu’elle nous arrache d’un seul coup à toute possibilité de participer à la transformation de la nature et à l’avancement de l’histoire. Comme la retraite du guerrier, elle signifie l’abandon de ce qui fait notre essence, le renoncement à ce qui nous constitue dans notre être.
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