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Critiques de François Garasse (2)
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La doctrine curieuse des beaux esprits de c..

François Garasse naquit en 1585. Dès 1601, il entra dans la Compagnie de Jésus. Il devint un polémiste redoutable et redouté. Il attaqua avec force violence les détracteurs de la religion en général et, surtout, de sa Compagnie en particulier. Il persécuta et dénonça les libertins (entendez par là les libres penseurs, futurs philosophes du XVIIIe) qui étaient, selon lui, dangereux.



Sa Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps, ou prétendus tels, contenant plusieurs maximes pernicieuses à l'Etat, à la religion et aux bonnes moeurs (oui, il s'agit bien là du titre en entier !) date de 1623. Elle est à lire, ne serait-ce que par curiosité (c'est le cas de le dire), afin de voir se déchaîner celui qui deviendra le Père Garasse (mort en 1631 de la peste), intolérant, violent, se frottant les mains de meurtres d'impies. Une mention spéciale à Jean Salem, à qui l'on doit ce livre, pour faire sortir de l'oubli ce personnage qui, hélas, a fait des émules depuis.
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La doctrine curieuse des beaux esprits de c..

Critique de Michel Delon pour le Magazine Littéraire



Sur la page de titre de 1623, la vignette montre Judith qui vient de trancher la gorge d'Holopherne. Belle efficacité pour tous ceux qui estiment que leur foi justifie la violence. Au début du xviie siècle, le jésuite François Garasse publiait un pavé de mille pages, La Doctrine curieuse, pour appeler à la répression contre tous ceux qui s'écartaient de l'ordre catholique. Ces pages de haine et de hargne, qui méritent d'être lues et méditées aujourd'hui, associent sans cesse deux opérations : la réduction des opinions adverses à une série de propositions simples ou de maximes frappantes, et l'amalgame des diverses dissidences à un seul et même crime, dénoncé à la force publique. Le livre paraît dans un contexte d'effervescence idéologique. Des décennies de guerres de Religion à travers l'Europe ont montré l'inanité des massacres, mais l'idée de tolérance reste le plus souvent négative. La Contre-Réforme fait rage. Elle s'attaque à tout ce qui s'émancipe du magistère de l'Église. En 1600, Giordano Bruno est brûlé pour hérésie, à Rome sur le campo dei Fiori. En 1619, Lucilio Vanini l'est à Toulouse. Le père Garasse applaudit à ces meurtres, il voudrait bien que la prochaine victime soit le poète Théophile de Viau et que sa mort serve de leçon aux huguenots et luthériens, rose-croix et mécréants, libertins et « athéistes » qui, selon lui, pullulent à Paris. Sa prose obsessionnelle brasse le français, le latin et le grec, multiplie les italiques et les capitales, les citations des Pères de l'Église et des penseurs antiques, long torrent d'argumentations qui ne s'embarrassent pas de subtilités, et d'imprécations qui produisent parfois une poésie baroque bien involontaire. Un athée peut-il prétendre être vertueux ? Autant dire que « les barres de fer nagent si bien sur l'eau » et que les grenouilles volent. Philosophes, tous ces impies ? Plutôt « courges et citrouilles », « concombres, melons et coloquintes ». D'ailleurs saint Irénée le confirme. Jean Salem, maître des études épicuriennes, insiste quant à lui dans sa présentation sur le bestiaire du polémiste, dont le vocabulaire reste prêt à servir jusqu'à aujourd'hui. Une telle réédition vaut leçon de vigilance. Fécond est encore le ventre qui enfanta cette rhétorique de la dénonciation contre tout ce qui pense.
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