François Lafabrié

Cet ouvrage collectif a été écrit à l'occasion de l'exposition "500 ans de Renaissance(S)" au château De Blois en 2019. C'est une très belle compilation des connaissances actuelles sur la vie et la place des enfants du XVème au XVIIIème siècle.



Si l'on dispose de peu d'informations chiffrées sur cette époque, les chercheurs arrivent tout de même à déterminer quelques statistiques terrifiantes sur la mortalité infantile : aux XVIème et XVIIème siècles, le taux de mortalité avant 1 an était d'environ 35% et à peine 1 enfant sur 2 atteignait l'âge de 10 ans ! Cette grande fragilité des enfants se traduit dans les quelques témoignages à la fois fatalistes, résignés et un peu distanciés qui nous sont parvenus : ainsi, au XVIème siècle, en Franche-Comté, un père note dans son livre de raison la perte de sa petite fille de 4 mois, entre deux commentaires sur ses vendanges, assurément d'une importance au moins aussi grande que ce décès.



Chaque naissance mettait en jeu la vie de la mère et de l'enfant et cet ouvrage nous livre également de nombreux témoignages horrifiants sur des accouchements difficiles et sur les méthodes cruellement barbares qui étaient employées pour sauver la mère en sacrifiant l'enfant qui était de toute façon condamné. Pourtant, la médecine obstétrique progresse grâce à des sages-femmes renommées comme Louise Bourgeois, accoucheuse de Marie Médicis et de près de 2000 femmes, et à des chirurgiens comme Ambroise Paré ou Jacques Guillemau.



On ondoie donc les nouveau-nés un peu faibles dès leur naissance pour éviter que leur âme n'erre dans les limbes et l'on baptise les enfants dans leur première année. Leur vie reste précaire surtout dans cette époque où la majeure partie de la population vivait à la campagne : exposés aux épidémies, à la sous-alimentation, à une hygiène déplorable, à la guerre, au Petit Age glaciaire, puis à peine âgés de 7 ans, exploités dans les fermes ou en apprentissage, maltraités, les enfants qui vivaient en milieu rural succombent en masse. Nous n'avons que peu de documents sur la vie de ces enfants.

Les sources sont bien plus nombreuses sur les enfants des milieux bourgeois, nobles ou princiers.



Abondamment illustré de tableaux, de portraits, de lettres ou d'objets qui figuraient dans l'exposition, l'ouvrage nous informe sur l'importance de la nourrice, sur la pratique de l'emmaillotement des nouveau-nés, sur l'hygiène donnée – ou plutôt son absence – aux petits enfants (Louis XIII ne sera jamais lavé entièrement avant ses 7 ans ! on se contentera de l'essuyer et de le frotter avec des graisses... ), sur les jouets, la nourriture et l'éducation dispensées, etc. On découvre aussi comment, au fil des siècles, la pédagogie et l'éduction font évoluer la place de l'enfant au sein de la société.



Un ouvrage riche et passionnant, à la fois livre d'art et essai de sciences humaines, à découvrir même si l'on n'a pas vu l'exposition.



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