L'idée même du marché fait de vous un être calculant et solitaire. Tous les rapprochements, toutes les interactions sociales sont aujourd'hui arbitrées par le marché, par le jeu de l'offre et de la demande. Cela conduit mécaniquement à un sentiment de solitude très profond, qui n'est pas seulement physique, mais aussi philosophique et politique. Le succès des mouvements populistes vient du fait qu'ils se battent contre cela. Il y a évidemment quantité de régimes populistes, mais qui ont tous, me semble-t-il, un point commun : ils entendent mettre des limites au libre jeu du marché et récusent l'idée d'une société où l'homme est seul face au capital.
Entretien accordé à Eléments, n°179, août-septembre 2019, p. 9