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Citation de notreallyapiicniic


François de Curel
Que d’ironie dans l’accouplement de ces mots : écrivain et métier !... Être l’homme qui pendant le reste de son existence prétendra en remontrer à ses contemporains et leur tendra le miroir déformant de sa pensée en leur disant : — Contemplez votre image et riez !... — Reconnaissez vos traits et pleurez !... Mais, que je vous fasse pleurer ou rire, il est bien entendu, n’est-ce pas ? que vous m’admirez ! Décider qu’on sera montreur d’humanité, professeur d’amour, d’orgueil, d’ambition, peut-être aussi de luxure, comme d’autres se font avocats, ingénieurs, négociants et réclamer comme supplément d’honoraires, la gloire !

Messieurs, lorsqu’on songe à ce que le choix d’une profession de cette envergure, implique de naïve confiance en soi, on a peine à se figurer que le futur auteur, devant la feuille de papier blanc, qui sera la première page du premier manuscrit, ne laisse pas tomber sa plume dans un accès de découragement. En général, il persévère parce qu’il est incapable de réflexion et il va grossir la légion des mauvais écrivains. S’il est un des privilégiés que la nature a formés pour être l’ornement du genre humain, il écrit sous l’impulsion d’une divine fantaisie. On a nié l’inspiration, mais quel nom donner à la folie de bondir dans les précipices, sans la certitude qu’on aura des ailes pour les franchir ? L’inspiration, cette étourderie du génie, peut seule expliquer l’imprudence du néophyte. Plus tard, lorsque ayant atteint les plus hauts sommets, il regardera en arrière, il pâlira d’avoir été si téméraire.
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