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Citations de François de Geoffre de Chabrignac (20)


Avant la guerre, Kaunas, comptait 150 000 habitants composés surtout de Lithuaniens et de Juifs. Ces derniers vivaient dans un quartier à eux, situé à l'autre bout de la ville et derrière une petite colline qui la surplombait. Ils habitaient dans de petites maisons de briques et de bois que les Russes leur avaient construites en 1940, lors de leur avance en Pologne et en Lithuanie. Les Allemands transformèrent le quartier juif en camp de concentration. Ils le ceinturèrent de barbelés qu'on ne pouvait franchir que par une porte où se trouvaient un poste de garde et des sentinelles. Chaque jour, au petit matin, les Juifs mâles étaient rassemblés et recensés. Puis ils partaient travailler aux fortifications et aux tranchées et si, le soir, l'un d'eux manquait à l'appel, sa famille, enfants compris, était immédiatement fusillée. Ils crevaient de faim, bien que les Lithuaniens se fussent efforcés de les ravitailler en cachette. Leur calvaire dura trois ans et ne prit fin que quelques jours avant l'arrivée des troupes soviétiques : le 14 juillet. Ce jour-là en effet, les Allemands les massacrèrent jusqu'au dernier. Des SS les obligèrent à miner leurs maisons. Dans chaque maison les familles étaient consignés. Puis, ils commandèrent aux Juifs d'amorcer eux-mêmes les mines.

1490 - [p. 185/6]
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En car, nous allons à une trentaine de kilomètres au sud de Toula, à Iasnaïa Poliana où se trouve la célèbre demeure de Tolstoï que les Allemands avaient saccagée. A côté de sa tombe, étaient enterrés près de 80 soldats de la Wehrmacht tombés lors des combats qui avaient eu lieu autour de la maison célèbre de l'écrivain. La tombe de Tolstoï, tertre de terre nue, sans stèle ni inscription, au milieu d'un bois de bouleaux, uniquement recouverte, selon son désir, de fleurs des champs, avait été profanée.

1280 - [p. 137]
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Le général Petit avait été envoyé à Moscou dès 42 par le gouvernement français de Londres, pour essayer de régler surtout l'épineuse question des Alsaciens-Lorrains prisonniers au sein de de l'armée allemande. Son projet était d'en obtenir la libération et de les grouper en une division française dont il fut devenu chef. Disons tout de suite que cette éventualité demeura au stade des projets d'Etat-Major.

1204 - [p. 58]
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- Tovaritchi, zdiez frankuski liotchik Normandie-Niemen polka, ya ranin (Camarades, ici un pilote français de l'escadrille Normandie-Niemen, je suis blessé.)
J'ai la force de crier une fois encore cet appel désespéré. Une fusée éclairante claque dans le ciel. J'agite une main, pousse un ultime grognement et m'écroule sur le madrier.
Mes yeux sont ouverts mais je ne sens plus rien. Un autre cri. Du côté des Russes, cette fois. Un soldat s'élance dans l'eau. Une main m'agrippe. On me traîne sur le rivage. Une dernière fusillade. Je bascule sur le sable. Mon sauveur se hâte : les mitrailleuses allemandes sont encore là qui balaient le rivage.
Je me trouve dans un trou d'obus rempli de soldats. soviétiques. Il sont en pleine offensive. Des visages barbus et curieux se penchent sur moi. Mon cœur bat, je suis en vie mais ne peux plus articuler une seule parole. Le capitaine soviétique m'examine, il voit sur mon battle dress en lambeaux ma décoration de l'Ordre Soviétique de la Guerre pour la Patrie. Sa figure s'éclaire, il se baisse un peu et m'embrasse. Ce geste restera à jamais gravé dans mon esprit, suprême fraternité de combattants luttant pour une même cause, hommage bouleversant qui fait un instant oublier les horreurs de la guerre.

1519 - [p. 261]
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Rien ne sert de haïr, il vaut mieux s'instruire.

1524 - [p. 278]
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(21 juillet 1944) Le lendemain, le colonel Pouyade, après un voyage record, revient de Moscou. Il nous apporte du courrier et des nouvelles.
- Messieurs, nous dit-il, pendant le mois de juin le nombre de nos victoires homologuées est de quatre-vingt-huit ce qui nous donne la seconde place des groupes de chasse français en opération sur tous les fronts. De plus, un prikaz suprême, que Staline a tenu à signer, accole au nom de Normandie celui de Niemen pour célébrer la part que nous avons prise dans les batailles du franchissement de ce fleuve. A partir d'aujourd'hui et pour toujours le régiment s'appellera régiment du Normandie-Niemen.

1423 - [p. 177]
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Les pilotes russes que nous fréquentions au mess nous parlaient tous de Stalingrad. Malgré leurs énormes blindages, des régiments entiers de Stormoviks disparaissaient en un jour. La chasse allemande et la Flak faisaient des ravages terribles. On ne sait peut-être pas assez que Stalingrad a été la bataille la plus meurtrière que l'aviation russe ait connu. Quand nous rencontrions un pilote qui y avait participé, on en disait rien on se regardait en pensant la même chose :
- Celui-là, c'est un dur.

1268 - [p. 134]
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Le premier mois fut un moins d'adaptation à la vie russe, de familiarisation avec les Soviétiques. Noël approche. Il fait une température frisant le moins 30. L'esprit de corps commence à naître. On reçoit l'attaché de presse français, M. Champenois, gros buveur et fin lettré et le célèbre écrivain Ilhya Ehrenbourg, prix Staline, ami de la France où il séjourna longtemps et qui nous épata surtout par la façon qu'il avait de manier le proverbe russe. Ces deux premiers amis participent au premier réveillon que le Normandie passera en terre soviétique.

1189 - [p. 54]
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Toula - Ah! ces conversations avec les étudiantes dont beaucoup connaissent Zola, Balzac, et Romain Rolland. Elles m'en bouchent un coin. La littérature française est à l'honneur.

1258 - [p. 120]
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Dans le coin, les partisans ont donné du fil à retordre à la Wehrmacht; les fameux partisans soviétiques, véritable armée, toujours en liaison avec Moscou. De véritables batailles rangées ont eu lieu. Plus souvent, sortant des immenses forêts où les Allemands n'osaient pas s'aventurer, craignant les embuscades, les maquisards russes tombaient sur les sentinelles, les abattaient, faisaient irruption dans les isbas où logeaient les officiers allemands qu'ils exécutaient comme des chiens. Leurs actions terroristes terminées, ils disparaissaient de nouveau sous les couverts des bois. La ville de Ielna fut prise et reprise plusieurs fois par eux, suivant des ordres qui leurs venaient de Haut Commandement de Moscou avec lequel ils étaient en contact permanent.

1248 - [p. 92]
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Le règiment déménage encore. Est-ce le dernier mouvement avant la fin, avant l'épuisement, faute de combattants? D'un air maussade, le commandant a annoncé qu'on quittait Spas-Deminansk pour Michkovo.
Vingt kilomètres séparent en ligne droite les deux terrains. Les deux camions russes, trapus et carrés sortant d'une usine de tracteurs repliée dans l'Oural, conduits par des chauffeurs d'une débrouillardise et d'une habilité sans pareilles, vont mettre quatre heures à les parcourir. Il faut passer des rivières sans ponts, rouler sur des routes qui n'en ont que le nom, suivre des chemins défoncés par des tanks, labourés par des trous d'obus, traverser des forêts aux arbres rasés à un mètre du sol, moignons noirs, calcinés et tordus où sont accrochés des centaines de cadavres carbonisés, de carcasses de chars d'assaut, de véhicules renversés et défoncés, de carrioles retournées, de camions démolis, de fortins éventrés, de monceaux de douilles d'obus: décor hallucinant de l'ancien front de Spas-Demiansk abandonné par la Wehrmacht après de longs, sanglants et féroces combats.

1230 - [p. 88-89]
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... la Place Rouge, qui s'étend, immense et morte, devant la face nord du Kremlin. C'est sur cette place qu'eut lieu un défilé unique dans les annales de la guerre de 39-45 et peut-être de la guerre de tous les temps. A la mi-mai 44, après l'offensive de Biélorussie d'Orcha-Vitebsk, plus de cent mille prisonniers allemands, en uniforme sale et repoussant, hirsutes et barbus, marchant au pas derrière leurs généraux toutes décorations dehors furent présentés au gouvernement soviétique, au corps diplomatique et au peuple de Moscou et passèrent, pendant plusieurs heures dans un silence de mort, que ne vint crever ni une injure ni un cri. Suprême humiliation, lorsque le denier vaincu eut disparu, les voitures balayeuses de la voirie achevèrent le défilé en nettoyant les pavés de la Place Rouge des vermines tombées des uniformes des prisonniers.

1199 - [p. 57]
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En cet hiver 42-43, à Moscou, la guerre est partout présente. Une grande et froide dignité, sans bruit règne partout. Volonté d'acier chez tous sans exception, volonté silencieuse. L'envahisseur allemand, de la Russie blanche au Caucase, occupe encore un territoire énorme et l'armée rouge se bat sur six fronts, 3 fronts en Biélorussie et 3 en Ukraine. Pour l'en chasser le pays tout entier s'est mobilisé. Les hommes sont devenus soldats. Les vieillards, les femmes et les enfants sont devenus ouvriers.

1192 - [p. 56]
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En 1942, le général de Gaulle obtint du maréchal Staline que la France fût présente, active et offensive en U.R.S.S., dans les airs, aux côtés de l'Armée Rouge. Il était entendu que le gouvernement soviétique fournirait gracieusement le matériel et le ravitaillement nécessaires aux pilotes français. Ceux-ci serviraient sous cocarde soviétique et témoigneraient de la volonté de la France d'être présent partout où l'on se battait.(...) Le commandant Pouliquen, de la base de Ryak qui va présider aux destinés du groupe, après avoir pris l'avis de ses officiers choisit le nom de « Normandie ». Londres, part la voix du générale Martial Valin, donne son accord. Le groupe n° 3 et ses trois escadrilles porteront le nom de trois grandes villes normandes : Rouen, Le Havre et Cherbourg. L'insigne sera celui du pays de Guillaume le Conquérant : deux léopards à gueule d'or, signes héraldiques de la noblesse et du courage.

1184 - [p. 33-34]
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De plus, un prikaz suprême, que Staline a tenu à signer, accole au nom de Normandie celui de Niemen pour célébrer la part que nous avons prise dans les batailles du franchissement de ce fleuve. A partir d'aujourd'hui et pour toujours le régiment s'appellera régiment du Normandie-Niemen.
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L'avion les avait séduits, comme il avait séduit un Saint-Exupéry. Ils avaient vu en lui une machine à grandir l'homme. Mais ce qui devait rendre la vie plus belle n'avait, au bout du compte, servi qu'à la leur rendre plus brève.
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Le Yak devenu fou, part en chandelle. Il passe sur le dos et va s'écraser à quelques centaines de mètres dans un bouquet de flammes.
Livides et hagards, nous avons assisté à cet horrible drame de l'honneur et du courage. Le geste de Seynes, refusant de sauter parce qu'il ne pouvait sauver avec lui son mécanicien (qui n'a pas de parachute) est un des plus bouleversants parmi tous les actes d'héroïsme que nous avons rencontrés au cours de cette guerre. Le cœur serré, mais plein d'orgueil, qu'un Français ait été aussi loin dans le courage, nous l'avons regardé en silence. Je perds un grand ami avec qui j'avais fait toutes mes études au Lycée Saint-Louis et préparé l'Ecole de l'air. Il allait passer capitaine. Le matin même j'avais déjeuner avec lui. C'était un être fin, racé, et qui possédait ces deux vertus de la vraie aristocratie : la modestie et la simplicité.

1363 - [p. 168]
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Nous traversons Vielj complètement rasée. A l'entrée, sur un arc de triomphe en bois, est posée cette pancarte : « Toi qui passe ici, regarde et n'oublie pas ce que les barbares nazis ont fait de la ville. Jure de te venger et d'abattre le fauve allemand et la bête fasciste ». La vision de ces ruines a quelque chose d'horrible. Une ville qui comptait plus de 30 000 habitants peut donc être réduite à quelques murs noircis ? Cela me donne une idée assez exacte de l'acharnement avec lequel on s'est battu dans ce secteur et aussi de la férocité des Allemands qui, dans leur retraite, pratiquèrent implacablement la tactique de la terre brûlée.

1292 - [p. 151]
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(fin 1944) On arrive à Barsouki, petit village que les Allemands, occupaient depuis deux ans. Il vient d'être libéré. Les Russes collaborateurs ont été rassemblés sur la place du village. Des cavaliers soviétiques les tiennent au bout de leurs mitraillettes. Par groupes, on les mène au mur où ils sont immédiatement fusillés. Le bruit des salves se mêle à la canonnade qui se déchaîne à quelques kilomètres à l'ouest. Depuis six mois, nous n'avons guère quitté le feu. Nous avons pourtant l'impression de nous en rapprocher encore.

1239 - [p. 91]
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Le combat revêt tout de suite une férocité inouï. On dirait que les Allemands veulent faire payer cher aux Français, ces vaincus de 40, d'oser combattre encore, et qui plus est, sous l'uniforme soviétique. A la danse nerveuse des appareils on devine la rage des pilotes. Il faut noter d'ailleurs que presque tous les combats qu'eurent à soutenir les volontaires de Normandie-Niemen furent marqués par cette implacabilité. Les Allemands nous firent mal, très mal, mais ils payèrent aussi très cher. Pour un pilote français cinq pilotes allemands furent tués.

1224 - [p. 67]
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