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Citation de heros_pitch


Elle crut pardonner à Théo et l'entoura dès cet instant d'une indulgence un peu tendue. Parfois, le temps d'un éclair, elle se souvenait: ces baisers, sur cette plage... Ce sourire chaleureux demeurait toujours présent, même quand Théo serait mort.
Car il mourrait. Et alors, elle pourrait l'aimer enfin. Elle n'aurait plus à rougir de la pente qui l'entraînait vers lui, comme vers une tentation un peu basse, une honte intime, plus cuisante par là même qu'un crime, honte qu'elle ressentait à chaque incursion dans le domaine charnel qu'elle s'était interdit - écœurée, blessée (parce que accueillie avec tant de cordialité, d'inconscience) mais la prochaine fois peut-être? Et quand tous les espoirs sont déçus, bafoués, pire, sereinement ignorés, qu'est-ce qui reste, à cinq heures du matin? L'insomnie, le drap froissé, le roman rejeté dix fois comme un buisson d'épines (chaque mot la faisant sursauter: le mot femme, le mot homme, le mot corps), qu'est-ce qui reste, quand on aime encore, que cette pensée nue: il mourra, je mourrai?
Sombre amour de Laura. Elle était comme une marée qui s'avance, écumante de colère de ne pouvoir résister à cette pulsion cyclique, et se retirant de toutes ses forces, s'arrachant au sable, au gravier (quelquefois il semble que la frange plate de la mer est comme collée au sol, s'en arrache aussi douloureusement qu'un épiderme). Heureusement, il y a la paix du large, des profondeurs claires, des îles: Blandine, Martin. Eux, ne devaient pas mourir.
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