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Critiques de Françoise Miard-Mull (2)
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Le mystère de la maison du Puy

Février 1853. Depuis le décès de son époux, Victorine de Beauval vit retirée dans son domaine situé sur les hauteurs de Saint-Pierre-les-Étieux, dans le Cher, alternant nuits sans sommeil et journées mornes. C'est alors qu'elle reçoit successivement deux lettres étranges provenant de deux personnes dont elle est sans nouvelles depuis plusieurs années, l'une du père Paul, l'autre d'Anne de Villeprieux, une amie d'enfance. Deux lettres qui vont la conduire à Paris puis au Puy-en-Velay à la quête d'un terrible secret, mais le chemin vers la vérité sera parsemé d'embûches et de dangers mortels...



Une fresque de la "vraie vie" sous le Second Empire

Situé sous le Second Empire, ce roman nous offre un vaste et intéressant panorama de la vie quotidienne des Français, aussi bien à Paris qu'en province. Si l'on connaît plutôt bien la grande histoire de cette période, que l'auteur a pris soin, de manière très utile, de rappeler en ouverture de roman, la vie au jour le jour des Français d'alors nous est bien moins familière. Et c'est en suivant l'épopée de Victorine, l'héroïne de ce roman, que le lecteur découvre en détail comment vivaient les hommes et les femmes de cette époque.



Loin de la vie fastueuse de la cour impériale, faite de réceptions, de bals et autres divertissements, ou même de celle de la grande bourgeoisie, qui vit dans des hôtels particuliers et va au spectacle, ce roman explore la vie des "petites gens", celle que l'on connaît si mal et qui est pourtant celle de la majorité de la population. Car la France sous le Second Empire demeure un pays en grande majorité rural, marqué par une espérance de vie faible, des inégalités sociales toujours plus fortes, des logements insalubres, etc. Avec Victorine, nous découvrons les trajets en malle-poste, les petits métiers d'alors – blanchisseuses, lingères, dentellières, etc. –, les quartiers populaires de Paris, les vêtements, etc.



"Elles arrivèrent rapidement devant un immeuble miteux de trois étages, au numéro deux. Louis poussa une porte aux lattes de bois délavées, rongées par les pluies et le temps. Elles entrèrent dans un couloir peu large qui débouchait sur une courette. Des odeurs d'ordures ménagères et de latrines prenaient à la gorge. Sur la droite, une masure de chiffonnier renforçait la puanteur des lieux. Sur la gauche se trouvait l'escalier qui menait aux garnis. Dans la cage d'escalier étroite, un mur lépreux, aux moisissures et desquamations importantes, donnait rapidement une indication sur l'état de salubrité de l'immeuble. Les marches en bois, glissantes des dépôts successifs de terre, de saleté, de vestiges d'ordures ménagères tombées avant le dépôt dans la cour, offrait peu de sécurité."



Fruit d'un énorme travail de documentation, les descriptions s'insèrent parfaitement bien au cœur du récit, parfaitement dosées, jamais trop longues, à la fois précises (avec en complément d'intéressantes notes en bas de page) et extrêmement vivantes et réalistes. Étant passionnée de généalogie, cet aspect m'a tout particulièrement intéressée, car il m'a permis de mieux visualiser quelle a pu être la vie de mes ancêtres. Un seul exemple, le métier de lingère, fréquent au XIXe siècle :



"Les coups de battoir, les passages de la brosse de chiendent sur les épaisses toiles de chanvre, de lin, de coton épais, le chuintement de l'eau bouillante dans le cuvier, les voix fortes des femmes qui chantaient pour se donner du cœur à l'ouvrage, une dispute éclatant au bassin de rinçage où une fillette trempait des rideaux sales à côté d'une femme en train de rincer des nappes d'un blanc immaculé, toute cette cacophonie étourdit Victorine qui avait déjà des difficultés à respirer dans l'ambiance humide."



Un roman bien structuré et une plume sensible

Ce cadre très réaliste se marie de manière très subtile avec les scènes dialoguées et l'intrigue, bien menée, bien rythmée, avec un suspense permanent et des rebondissements, le dénouement n'arrivant vraiment qu'à la toute fin du roman et nous permettant d'enfin comprendre la raison d'être du prologue. L'énigme, centrée autour d'un secret de famille, est émotionnellement forte et poignante. Et qui dit secret de famille dit généalogie et psychogénéalogie, me voilà donc encore une fois ravie !



D'un point de vue formel, le roman se structure autour de chapitres ni trop longs ni trop courts et l'insertion des dates tout au long du récit permet au lecteur de bien se repérer dans le temps. Malgré quelques fautes d'orthographe, ce roman se caractérise surtout par une belle écriture, élégante, ciselée, efficace, toute en tendresse, qui montre combien l'auteur aime son personnage. Et cela fait du bien de lire un roman où l'on trouve l'imparfait du subjonctif, cela devient si rare de nos jours (hélas, je ne l'utilise plus non plus...) ! Donc franchement, j'ai rapidement oublié ces quelques fautes, comblée par cette plume si fine et cet usage de ce temps du passé.



Une héroïne touchante mais des personnages secondaires pas assez présents

Enfin un roman mettant en scène une femme au premier plan ! Cela n'a pas l'air comme ça, mais je peux vous dire que cela fait du bien, j'en ai un peu assez de tous ces romans où l'on compte les femmes sur les doigts d'une main, lesquelles sont en plus généralement de véritables clichés ! Victorine n'est ni une superwoman ni une personne mièvre ou soumise, c'est une femme avec ses qualités et ses défauts, qui fait face aux événements de la vie avec ses propres armes.

De nombreux personnages interviennent au cours du roman auprès de Victorine – Marie Delecourt, Anne de Villeprieux, Émile Damberville, Hippolyte Carpentier, Louise la lingère, le commissaire Claude, Victor Maillet dit "Le Requin", etc. – et celle-ci semble confrontée à de tels dangers, d'autant plus grands qu'on n'en connaît pas la cause, que l'on en devient suspicieux et l'on se demande sans arrêt si tel ou tel individu a de bonnes ou de mauvaises intentions à l'égard de Victorine. Ces questionnements sont d'autant plus systématiques que les personnages entourant Victorine ne sont pas suffisamment décrits. L'accent est vraiment mis sur l'héroïne et les autres personnages font un peu pâle figure à ses côtés. Par exemple, je n'ai trouvé aucune description physique ou psychologique d'Hippolyte Carpentier et j'ai bien eu du mal au départ à savoir s'il s'agissait d'un jeune homme ou d'un homme d'âge mûr.



Bref, on a peur en permanence pour Victorine, qui semble assez fragile et naïve au premier abord, mais malgré les recommandations du commissaire Claude, elle n'hésite pas à prendre de grands risques pour découvrir la vérité. De femme en deuil, cloîtrée dans son domaine berrichon et marquée par une existence triste, la voilà totalement métamorphosée, comme si elle avait reçu un électrochoc ! Même si le doute et la peur ne la quittent jamais – ce qui en fait une héroïne attachante et très réaliste –, elle n'hésite pas à affronter ses peurs et à faire preuve de courage allant même jusqu'à voyager seule en malle-poste entre le Berry et le Puy-en-Velay, en passant par Paris, ce qui est exceptionnel au XIXe siècle ! Et ce n'est pas peu dire : en effet, le XIXe siècle n'a guère été favorable aux femmes – si tant est qu'il ait eu une époque propice aux femmes dans toute l'histoire de France –, la femme avait alors peu de liberté, puisqu'elle était sous la coupe de son père, puis de son mari. Seule une femme veuve pouvait se permettre de voyager ainsi, mais en prenant des risques.



Arrivée au terme de cette lecture, j'étais triste de quitter Victorine, mais la dernière phrase du roman, "– Ne ferais-je pas un bon policier ?" me laisser augurer du meilleur pour la suite !
Lien : http://romans-historiques.bl..
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Le mystère de la maison du Puy

Victorine, une jeune veuve, reçoit deux lettres surprenantes qui la poussent à quitter la torpeur de son deuil. De villes en villes, le chemin de Victorine se charge de mort étranges et violentes à mesure qu'elle avance vers un secret bien enfoui.

L'argument de vente le plus efficace parmi tous ceux de Françoise Miard-Muller est la période historique dans laquelle s'inscrit ce roman. L'histoire débute en février 1853, date à laquelle Paris Haussmannien n'a pas encore vu le jour. Victorine nous entraîne donc dans un Paris sur le point de disparaître, passant des quartiers chics aux rues populaires et gouailleuses. Mais Victorine parcourt aussi la campagne française en se rendant au Puy (en Velay) auprès de dentellières. Le récit présente une foule de détails qui rendent chaque scène très réelle. L'auteur s'applique à rendre les sensations, les bruits et les odeurs de l'époque avec une précision méticuleuse. D'ailleurs, au texte s'ajoutent des notes de bas de page qui apportent un complément d'informations.

L'intrigue romanesque n'est pas en reste. En effet, elle se noue progressivement et maintient le suspens jusqu'au bout. Le lecteur suit les pérégrinations de Victorine avec inquiétude car on s'attache très rapidement à ce personnage. J'ai tellement été prise par l'histoire que je suis presque restée sur ma faim. En effet, Victorine et les personnages secondaires auraient mérités des approfondissements aussi fouillés et précis que le contexte historique. J'ai parfois eu l'impression que l'énigme avait été moins travaillée que le contexte. Les tableaux parisiens et provinciaux sont d'une telle netteté que l'intrigue paraît parfois superficielle, en particulier dans sa résolution.

Pour un premier roman, Le Mystère de la maison du Puy est une bonne surprise. L'auteur m'ayant confié qu'une suite était en préparation, j'ai hâte d'en savoir plus sur la jeune Victorine.
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