Bob et Mollie Carter sont un modeste couple de fermiers américains. En 1891, Mollie donne naissance à Alvin Pleasant – qui se fera connaître sous le nom d’A.P. Carter (membre fondateur de la Carter Family). Alvin est l’aîné d’une fratrie de huit enfants. Très tôt, il développe un don particulier pour la musique. Attiré par les vieilles chansons, il prendra rapidement l’habitude de répertorier ces chants qui appartiennent à la tradition orale.
A.P. s’est fixé comme objectif de les recenser et de les transmettre afin d’éviter qu’elles ne tombent dans l’oubli. Grâce à son initiative, la musique country va connaître une seconde jeunesse.
Extrait de la préface de l’album : « (…) les dix années qu’il a fallu pour mener ce projet à terme. Le mieux est de commencer par la fin. Vous connaissez Johnny Cash ? Sa femme s’appelait June Carter Cash ; elle était l’une des trois filles de Maybelle Carter qui elle, chantait et jouait de la guitare dans la Famille Carter. Vous la connaissez peut-être sous le surnom de « Mother Maybelle », pour son rôle de matriarche de la scène musicale country des années 60 et 70. Elle s’est acquittée de ce rôle avec grâce et modestie, en encourageant de nouvelles générations d’auteurs, de compositeurs et d’interprètes à fleurir au sein de la Mecque musicale qu’est Nashville. (…) En 1927, la Famille Carter a joué un rôle clé dans ce que les historiens appellent désormais ʽʽ le big bang de la musique country ʼʼ. En une semaine, elle a participé à six sessions d’enregistrement à Bristol, une ville sur la frontière du Tennessee et de la Virginie, pour Ralph Peer, manager indépendant pour les disques Victor. Ces six sessions constituent le début de quinze ans de carrière à l’avant-plan de la scène country en plein essor. Quand le trio s’est séparé en 1943, ses membres étaient des vétérans de la performance en direct, des émissions de radio et des studios d’enregistrement ».
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Un travail de documentation conséquent a été réalisé pour cet album. En deux cent pages, Franck M. Young et David Lasky retracent la vie d’A.P. Carter.
C’est en 1926 qu’il crée la Carter Family avec, à ses côtés, sa femme Sara et sa cousine [par alliance] Maybelle. L’ouvrage se découpe en 43 chapitres succincts qui portent les noms des chansons reprises par A.P. Carter. Ce choix narratif vient saccader la lecture. Cependant, le temps requis pour prendre connaissance de chaque chapitre est approximativement le même que celui correspondant à la lecture d’une chanson de la Carter Family. Je m’y suis retrouvée dès lors que j’ai calé le fond musical sur lesdites chansons, passant ainsi d’une ambiance à l’autre plutôt que sautant bon gré mal gré d’une anecdote à l’autre.
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En mettant en avant le parcours d’A.P Carter, le scénario fait la part belle à la démarche artistique qui a motivé son obstination à recenser nombre de chansons traditionnelles américaines. Quelques digressions présentent des anecdotes sur la vie des membres du groupe. Cet album-hommage nous permet donc de découvrir le quotidien de cette famille de musiciens hors pair et de prendre la mesure de la place qu’il accordait à la musique.
La variété des styles graphiques peut surprendre le lecteur ; en effet, bien que les chapitres soient organisés de manière chronologique, on remarque l’intrusion de travaux visiblement réalisés pour d’autres fins éditoriales. Par exemple, la présence d’un passage inséré entre les chapitres 31 et 32 propose une succession de petits strips [en noir et blanc] de quatre cases. Ces fluctuations graphiques ne nuisent pas à la lecture.
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