Freddy Bonmariage

C'est toujours très émouvant de regarder des photographies d'une époque où tout le monde n'avait pas un accès facile à l'image, où le droit à l'image n'entravait pas de prendre des photos sur le vif, où une grande partie du monde était une énigme pour les occidentaux, où les détails perdus dans l'image ont plus de sens aujourd'hui qu'au moment où les photographies ont été prises.



Il y a de la candeur, de la poésie, de la vérité, de la nostalgie. C'est ce que je ressens en regardant les photographies de Simenon, grand reporter à la Tintin.

Et je me pose ces questions:



Y-a-t-il encore une société fluviale en Europe?

La vie est-elle aussi douce sur les bords du Nil et au Soudan?

Les femmes africaines sont-elles toujours seins nus?

Les ports de France restent-ils des portes vers l'exotisme et l'aventure?

Charleroi a-t-il gardé ses brasseries et sa vie de café?

Les enfants du cordonnier du quartier juif de Varsovie ont-ils échappés à l'holocauste?

Y-a-t-il encore des vendeurs d'ail ambulants en Roumanie?

A quel point Istanbul, Odessa , Varna, Batoum : petites cités à l'époque sont devenues des villes phares?

La tahitienne idyllique de Gaugin, réelle divinité immortalisée par Simenon, existe-t-elle encore que j'en tombe amoureux?

Paru en 2006 à La Renaissance du Livre, l'ouvrage de Freddy Bonmariage fait découvrir une facette tout à fait méconnue de l'oeuvre de Simenon. Durant les années d'avant-guerre, le romancier a voyagé en Afrique noire, en Europe de l'Est et jusqu'à Tahiti. Il a fait des centaines de photographies patiemment restaurées par l'auteur. Les clichés sont d'une qualité exceptionnelle, tant sur le plan technique que par l'émotion qui s'en dégage. Le texte, court mais précis, remet les photos dans leur contexte historique et établit des liens avec l'oeuvre de Simenon.