La forme utilisée en ce livre, qui se présente en une suite de conversations censées transmettre le passage de mémoire d’une époque, celle qu’a vécu Freddy Gomez, n’est sans doute pas idéale.
Il est malaisé de transmettre son expérience puisqu’il faut par là-même se dire plus ou moins et que tout être sensible et lucide ne pourra qu’y manifester une sorte de retenu en ces temps éminemment spectaculaires où de multiples insignifiances y étalent sans gène leur médiocrité avec la complicité intéressée des médias « de service ».
Cette limite posée, tous ceux qui sont encore en mesure de ressentir en eux-mêmes l’exigence du combat historique pour l’émancipation trouveront un indéniable intérêt à cette lecture.
Freddy Gomez a su traverser son époque (il est né en 1950) sans jamais perdre sa lucidité et sans pourtant renoncer à sa propre implication en la contestation radicale du monde invivable que nous a bâti le capitalisme en ces dernières décennies.
Cette implication est facilement vérifiable puisqu’il suffit de consulter l’impressionnant travail critique réalisé sur le site A contretemps dont il est le principal animateur ; site qui est lui-même le prolongement du bulletin critique « A contretemps » paru entre 2001 et 2014. Prenez un peu de temps et allez découvrir les étonnantes ressources critiques que vous offre ce site, en toute générosité ; l’un des plus recommandables que l’on puisse trouver sur la toile en langue française, se maintenant en un exercice permanent de lucidité. Peut-être considérez-vous alors que l’exercice auto-biographique auquel se livre le très discret Freddy Gomez avec ce livre n’est pas sans fondement.
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