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Citations de Freddy Gomez (14)


La rationalité technicienne et marchande a pour logique interne de reléguer quiconque résisterait à l’appauvrissement du vivant aux marges d’un système où il ne compterait plus pour rien. C’est sans doute là sa principale faille de raisonnement. Car, dans ce monde infâme qu’elle a choisi de nous vendre, avec ses machines à images tout se voit, d’une part, de ses turpitudes et, de l’autre, tout fait sens qui participe, à sa marge, de sa réhumanisation.
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Au nom de quel Grand Effondrement à venir devrais-je, d’un coup d’un seul, devenir survivaliste ou collapsologue pour penser l’après-rien ? Nous vivons, au contraire, j’en ai l’intuition, un moment particulier de l’histoire où rien ne compte davantage, dans la perspective de destruction de l’humanité à laquelle nous mène le mouvement infini du capital, que de retisser le fil rouge des anciens et actuels combats pour l’émancipation et la préservation du vivant.
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Je déteste tout ce qui relève des festivités obligatoires qui demeurent, pour moi, autant d’occasions de réamorcer les névroses assoupies des familles qu’un rien suffit à réveiller. Je fuis les obligations qu’elles créent. Je suis de celles et ceux, finalement très minoritaires, qui pensent que les familles choisies, quitte à les quitter quand elles commencent à peser, sont infiniment moins régressives que les vraies, celles qui font « livret familial ».
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Face à la dynamique capitaliste qui produit sans cesse de la précarité, de l’appauvrissement et de l’isolement, bref, de la séparation, toute lutte sectorielle, marginale, ne peut survivre que dans la contestation globale du système. Le refus de l’organisation existante de la société est la seule perspective mobilisatrice qui peut élargir, et non enfermer. Aujourd’hui plus que jamais, le capitalisme ne peut se transformer, de par son propre mouvement, en un système différent. Il montre, par contre, sa capacité de détruire ses propres conditions de reproduction, avec le désastre social qu’une telle route implique. Tout se passe comme si on assistait au mouvement d’un capitalisme dont les possibilités de rebond se font chaque jour plus rares, et surtout plus destructrices. Une époque où, pour reprendre la formule de Marx, toute solution apparaît, sous le capitalisme, comme un nouveau problème.
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Je suis de ceux qui pensent que les livres peuvent sauver. Un livre plus particulièrement, celui qui, à un moment donné et par des cheminements de hasard, semble avoir été écrit pour le seul lecteur que nous sommes.
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Aveu d’impuissance face à des désastres considérés comme fatals, la résilience est fondamentalement un instrument de détournement : des causes des catastrophes vers leurs effets, de leur objectivité sociale vers la subjectivité de leur gestion et de leur perception, de la responsabilité des dirigeants vers celle des victimes. (...)
Libres d’obéir et condamnés à résilier, tel est le mot d’ordre des administrateurs du consentement aux désastres.
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Ne reste, sur les marges du temps, que l’éloge de la pensée fugueuse, celle qui, comme elle peut, refuse de se laisser enfermer dans l’impasse du présent perpétuel qui nous cerne et nous lobotomise, en apprenant des saines subversions d’hier et en en cultivant leur indispensable mémoire. Pour s’arracher à la banalité d’un réel façonné par l’ignorance d’une élite qui n’a de grand que la détestation, époumonée ou plus souvent silencieuse, qu’elle s’attire.
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Constatons d’abord que l’hypothèse transformiste fut constitutive de la prise de pouvoir du petit roi, sa marque de fabrique : faire imploser le puzzle gauche-droite et en ramasser les plus grosses miettes pour faire majorité parlementaire. Avec le soutien massif du lobby médiatique sous contrôle des argentiers du capital et, moins massif mais bien réel, de l’ « intelligentsia » en place dont le spectre assez large va du petit prof postmodernisé à l’invité permanent et colloquial de France Culture et de Sciences-po. Organique ou pas, la crise politique de représentation qui permit cette prise de pouvoir ouvrit l’espace à l’extrême centre, ce néant de droite qui finira par accoucher, à l’occasion du mouvement des Gilets jaunes, d’une politique de l’extrême répression que la droite extrême n’aurait sans doute pas osée. Le néant, disait Hegel, c’est « la simple égalité avec soi-même, le vide parfait ». Macron en est la quintessence. Vide de tout mais surtout de connexion au réel, il est le signe le plus évident de ce que peut produire la crise du politique. Tout chez lui est désarticulé : ses mots, ses actes, ses affirmations, ses dénégations. C’est le mensonge fait homme. Qu’un type pareil, à la psyché d’évidence déréglée, puisse être à ce point soutenu par un système médiatique sous contrôle capitalistique des mêmes argentiers qui ont choisi Macron, ne peut s’expliquer que par l’extension illimitée du domaine du néant qui fait époque.
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Conséquence d’une ancienne défaite qui fut d’abord celle d’une révolution sociale trahie, poignardée, empêchée, cet exil libertaire espagnol de trente-cinq ans fut certainement un lieu à part où, dans les troubles d’une légende éternellement magnifiée, les sentinelles perdues d’une ancienne avant-garde de l’espérance éprouvèrent, pêle-mêle et en contrepoint de mythes qui les faisaient tenir, le désir du retour, la passion d’en découdre, le repli sur l’entre-soi conflictuel des batailles internes à répétition et l’infinie mélancolie des jours.
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La nasse où tout contribue à nous enfermer – nous et nos limites, nos refus, nos accablements, nos résistances, nos impuissances et nos dépressions – n’est pas que policière. C’est un leurre de le croire. Elle tient aussi, surtout, d’un mode de gestion de nos vies intimement lié à l’imaginaire post-libéral autoritaire qui l’a pensé. (...) . La nasse, c’est précisément cela, cet enfermement qui réduit les humains, chacun dans son couloir ou dans sa case, à vivre avec leurs peurs et dans leurs plaintes, ce monde de l’Économie totale qui ravage toutes les solidarités de voisinage.
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La contre-manif du 30 mai (1968). Pour ma part, j'ai remonté le cortège jusqu'à Concorde. Juste pour voir. Et, là, pour voir, j'ai vu... j'ai vu, dans toute son horreur, la face hideuse de la réaction. Tous les "versaillais" de Paris étaient dans la rue. (...) C'était un spectacle réellement hallucinant. Bras dessus, bras dessous, toute la réaction battait le pavé : les adorateurs du Général, les pétainistes de toujours, les grenouilles de bénitier, les boutiquiers, les concierges, les cogneurs d'Occident. (...) Il y avait là un mémorable concentré de haine, une fantastique conglomération de bas instincts. Du point de vue symbolique, la leçon d'histoire était grandiose. Il suffisait de lever le nez pour voir cette France de la bassesse, ce peuple de petit-bourgeois qui s'était reconnu dans Thiers, qui avait joui de la dégradation de Dreyfus, qui avait soutenu Pétain. Et qui était encore là, éternellement ignoble, sans autre cause à défendre que ses petits intérêts de propriétaires, représentés cette fois par "l'homme du 18 juin"...
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Dès lors que le socle anciennement commun de la raison a été suffisamment dynamité sous les effets conjugués et complémentaires du poing droit du néo-libéralisme et du poing gauche de la postmodernité – qui sont d’abord, chacun dans leur domaine, des entreprises lucratives de destruction du langage –, ce qui reste et prolifère c’est la perte de tout sens logique dans l’énoncé du signifiant, l’éradication de toute pensée critique fondée sur des connaissances stables et le règne infini de la confusion.
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Dans le tragique shakespearien, l'espoir prend parfois la forme d'un cri montant des culs de basse-fosse, un cri lancé en direction de qui peut voir pointer le jour : "Gardes, où en sommes-nous de la nuit ?" Ce questionnement, l'anarchiste, gardien de ses propres rêves, se l'adresse parfois à lui-même.
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Sur tous les sujets, en fait, l’expertise est en faillite. Et elle l’est parce que, privée de toute assise historico-critique, il ne lui reste pour expertiser que sa morale et sa subjectivité. Convoquée par le pouvoir et ses succursales de légitimation – les médias de préfecture –, la voilà donc qui défend, plus souvent qu’elle ne critique, une République supposément malmenée par l’ « islamo-gauchisme », le « séparatisme » ou la « non-mixité ». Et l’expertise se plie d’autant plus aisément à l’exercice que, en sus des subsides non négligeables qu’elle en tire, on n’exige d’elle que d’être médiocrement d’extrême centre, c’est-à-dire d’un néant conceptuel qui n’a d’extrême que sa bêtise et de centriste que le rôle pivot qu’elle joue dans la montée en puissance des thématiques de l’autoritarisme républicain en toutes matières. Sur le modèle de l’expertise économique, radicalement néo-libérale depuis des lustres – les noms viennent immédiatement en bouche en y laissant un sale goût –, l’expertise générale à prétention sociologique se révèle si incapable, elle, d’expliquer le moindre phénomène social éruptif qu’on n’en retient que sa fonction légitimante des pouvoirs et ses commentaires stéréotypés. Car, formé en série, l’esprit n’a pas plus d’esprit que de corps. Comme son discours, il est d’extrême centre, soit de nulle part, d’un lieu vide d’histoire que l’histoire en marche n’aura aucun mal à combler.
(...) En clair, si l’on peut dire, tout tient de la même compote dans ce monde approximatif où l’expertise demeure l’une des pièces maîtresses de l’organisation du spectacle.
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