Le « triangle » des Landes de Gascogne était une plaine marécageuse avec des « îles » boisées de chênes (tauzin et pédonculé à l’origine), et des systèmes dunaires avançant loin à l’intérieur avec les « pinadas » de pin maritime. Un million trois cent mille hectares, historiquement d’abord déboisés par l’activité humaine pour devenir la Lande ethnographiée par Félix Arnaudin puis Lotte Lucas-Beyer. La Lande est alors marquée par les problèmes sanitaires (malaria), caricaturée en « désert » ou « territoire à coloniser » par les voyageurs comme par le pouvoir central parisien et caractérisée par des dialectes gascons – dont le « parler noir » difficile à comprendre et raillé par les locuteurs des dialectes voisins. La Lande, ses bergers sur échasses et ses habitants ont mauvaise réputation.
La vie dans les Landes s’organise autour d’une activité agro-pastorale de subsistance, où les animaux d’élevage servent surtout à fumer les champs. Les terrains communaux jouent un rôle premier pour le pacage des troupeaux. Par la loi de 1857, Napoléon III impose un ensemencement forestier accéléré de 636 000 hectares en 12 ans. Les communs sont vendus pour financer ce changement d’affectation des terres à la charge des communes.
De nombreux bergers deviennent résiniers – du moins jusqu’à l’effondrement des cours de la résine sous l’effet de la concurrence italienne et chinoise, puis du recours à des alternatives chimiques. Les propriétaires forestiers, presque exclusivement privés, bénéficient depuis lors d’un soutien indéfectible sur fonds publics à chaque incendie (ordonnance du 28 avril 1945) ou tempête (plans chablis) et sont incités à gérer durablement leurs forêts, prévenir les incendies et entretenir les fossés de drainage. La forêt des Landes constitue aujourd’hui l’une des plus vastes forêts artificielles d’europe, en quasi-monoculture du pin maritime « amélioré » par sélection massale.
Lou boun Diu nes ouayti
Dou coudic de le balene,
Dou cantit de le serene,
De le tou de Cordouan
É dou clouché de Mamisan
(É dous tres pins de Coûntis)
Que le bon Dieu nous garde de la queue de la baleine, du chant de la sirène, de la tour de Cordouan et du clocher de Mimizan (et des trois pins de Contis)
Panquèra, bèra, bèra,
Qu’as pan ena taulera,
Hormatge ena ‘scudera,
E lèit ena caudera.
Belette, belle, belle
tu as du pain sur la table
du fromage dans l’écuelle
et du lait dans le chaudron.