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Citation de Woland


[...] ... Plusieurs enfants sont nés. Le premier est celui qui deviendra l'empereur Guillaume. Cet héritier est à la fois un atout, un argument pour la conquête du pouvoir [par ses parents, tenus en laisse par Bismarck] et se révèlera très vite un danger, une rivalité, une menace. Or, dans ce contexte, survient le drame même de Guillaume II. Malgré la demande de Vicky, qui voulait suivre l'exemple des accouchements au chloroforme de sa mère [la reine Victoria], l'accouchement est confié à des médecins prussiens. Pour des raisons psychologiques car elle n'est pas prête à se mettre entre les mains de médecins en qui elle n'a pas confiance, ou naturelles car elle est de complexion fragile, l'accouchement est catastrophique, un véritable cauchemar. Confrontés à la question qui a agité des générations et des générations de familles bien-pensantes :"Faut-il sauver l'enfant ? Faut-il sauver la mère ?", les médecins choisissent finalement la mère et négligent l'enfant. Ils le font naître en le disloquant littéralement, avant de le remettre, en le regardant à peine, à des nounous sans beaucoup d'imagination, alors qu'il est difforme, mutilé par les fers, avec le bras gauche à moitié arraché. Il faudra plusieurs jours avant que l'on se rende compte que ce bras demeure inerte. Il va ensuite plus ou moins se ressouder au prix de traitements à l'électricité qui tortureront l'enfant mais il restera atrophié, incapable de se mouvoir librement et avec une main qui peut à peine esquisser un mouvement. Cette blessure a des conséquences psychologiques immenses. D'abord sur la princesse Vicky, qui n'admet pas avoir donné naissance à un enfant infirme et qui vivra le handicap de son fils avec un mélange d'exaspération, de remords pour sa propre attitude et d'extrême répugnance. Elle surmonte mal le sentiment de dégoût que suscite cet enfant avec son vilain petit bras malade qu'il est obligé de porter avec l'autre bras qui deviendra, lui, d'une puissance phénoménale. Il n'est pas impossible qu'elle voie dans le bras meurtri de son fils comme un reflet de sa propre situation. Elle devait être l'impératrice d'Allemagne, la plus brillante, la plus remarquable, compte tenu de ses dons indéniables et de la haute estime qu'elle a d'elle-même et elle se retrouve princesse marginalisée, espionnée par le chancelier, sans aucune influence sur le cours des choses et donnant naissance à un infirme. En somme, elle est atrophiée, comme Guillaume. De ce fait, il lui est insupportable, et d'autant plus qu'elle se reproche évidemment sa propre attitude.

L'enfant hérite des qualités de sa mère, de son intelligence, de son ouverture d'esprit, de son appétit de savoir et de son ambition. Il est de surcroît animé d'un énorme amour à son égard. Guillaume, le Kaiser, aura adoré sa mère. Il l'aura d'autant plus aimée qu'elle le rejette et le repousse. Ainsi affronte-t-il son handicap et le drame qu'il fait peser sur ses relations avec sa mère comme une épreuve surhumaine dont il lui faut absolument triompher. Et il retire de ce combat une volonté et une énergie exceptionnelles. ... [...]
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