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Citation de NicolaK


J'avais tapissé les murs et le plafond rampant des œuvres de Félicité. Il y avait des fusains, des gouaches, des acryliques et même quelques pastels gras. Trop occupés à sauver notre peau, nous n'avions ramené aucun de ses dessins d'enfant réalisés en Terre Cuite du Nord, avant le génocide et son corollaire : le traumatisme que l'art lui permettait d'exorciser. Sa période « orphelinat », qui suivait immédiatement la perte de nos parents et notre fuite, était intéressante. La période « Dussolier » l'était encore plus. Nos parents adoptifs étaient bien trop pingres pour fournir à la petite autre chose que des feuilles d'imprimante, un crayon de papier, une gomme et des crayons de couleur. Malgré le manque de matériel, elle avait accouché d’œuvres fortes et crépusculaires. Un charnier au bord duquel poussaient des fleurs. Une famille sans têtes en train de jouer au Monopoly. Des squelettes dansant la gigue autour d'un bûcher où se consumait une femme noire. Ici une machette fendait le crâne d'un enfant et du miel coulait de la brèche. Là, des vautours formaient une tornade au-dessus d'un village africain. Les charognards représentés au premier plan étaient d'un réalisme stupéfiant.

Le spectre de la mort planait sur chacun de ces dessins. L'inspiration en était évidente : les atrocités dont nous avions été les témoins. L'art de Félicité avivait en moi de douloureux souvenirs, il me bouleversait chaque fois un peu plus quand elle excrétait l'une de ses monstrueuses visions.
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