AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


Il nous reste à dire quelques mots sur la gnose ou la philosophia perennis, qui est le trait d’union entre les divers langages religieux. Le mode de manifestation de la gnose est « vertical » et plus ou moins « discontinu », il est semblable au feu et non à l’eau, en ce sens que le feu surgit de l’invisible et peut y disparaître(1), tandis que l’eau a une existence continue ; mais les Écritures sacrées restent la base nécessaire et immuable, la source d’inspiration et le critère de toute gnose(2). L’intellection directe et supra-mentale est en réalité un «souvenir» et non une « acquisition » : l’intelligence, en ce domaine, ne prend pas connaissance de quelque chose se si tuant par principe en dehors d’elle, mais toute connaissance possible est au contraire contenue dans la substance lumineuse de l’Intellect, — qui s’identifie au Logos par « filiation essentielle », — en sorte que le « souvenir » n’est autre qu’une actualisation, grâce à une cause occasionnelle externe ou à une inspiration interne, de telle potentialité éternelle de la substance intellective. Il n’y a de discernement que par rapport au relatif, fût-il au-delà de la création et au niveau même de l’Être, et c’est ce qui explique pourquoi l’Intellect a été comparé à un sommeil profond — mais éminemment non-passif et supra-conscient — qui n’est troublé par aucun rêve ; l’Intellect coïncide, dans sa nature intime, avec l’Être même des choses(3); et c’est pour cela que la gnose marque la continuité profonde entre les diverses formes de la conscience d’absolu.

Et pourquoi cette conscience, demanderont certains ? Parce que la vérité seule délivre ; ou mieux encore : parce qu’il n’y a pas de « pourquoi » à l’égard de la vérité, car elle est notre intelligence, notre liberté et notre être même ; si elle n’est pas, nous ne sommes pas.

(1) Le Zen, avec son caractère « a-doctrinal », est particulièrement représentatif de cet aspect de la gnose.

(2) Il est dit, dans le Judaïsme, que l’ésotérisme avait été révélé par Dieu à Moïse dans le Tabernacle et qu’il a été perdu par la suite, mais que les sages ont pu le reconstituer en se fondant sur la Thora. - Quelles qu’aient pu être les diverses formulations de la gnose christique, les mystères pneumatologiques trouvent toujours leur base scripturaire dans le Nouveau Testament, notamment dans le prologue de l’Évangile de saint Jean et dans l’entretien nocturne avec Nicodème, et aussi dans les Épitres. - Au point de vue de la « vie éternelle », il n’y a certes pas de fidèles « de seconde zone » ; cependant, « il y a beaucoup de demeures dans la maison de mon Père » ; l’égalité devant Dieu concerne le fait « externe » du salut et non les modes « internes » possibles de celui-ci.

(3) C’est en ce sens que l’Evangile peut dire du Verbe-Lumière — de l’Intellect divin — que « tout fut par Lui, et sans Lui rien ne fut. » (Jean, I, 3).
Commenter  J’apprécie          10









{* *}