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Citation de enkidu_


Comme toutes les civilisations traditionnelles, l'Islam est un « espace » et non un « temps » ; le « temps », pour l'Islam, n'est que pourrissement de l'« espace » ; « Il ne viendra pas d'époque - a prédit le Prophète - qui ne soit pas pire que la précédente. » Cet « espace », cette tradition invariable, - à part l'épanouissement et la diversification des formes lors de l'élaboration initiale de la tradition, - entoure l'humanité musulmane comme un symbole, à l'instar du monde physique qui, invariablement et imperceptiblement, nous nourrit de son symbolisme ; l'humanité vit normalement dans un symbole qui est une indication vers le Ciel, une ouverture vers l'Infini.

La science moderne a percé les frontières protectrices de ce symbole et a détruit par là le symbole lui-même, elle a donc aboli cette indication et cette ouverture, comme le monde moderne en général brise ces espaces-symboles que sont les civilisations traditionnelles ; ce qu'il appelle la « stagnation » et la « stérilité » est en réalité l'homogénéité et la continuité du symbole.

Quand le musulman encore authentique dit aux progressistes : « Il ne vous reste plus qu'à abolir la mort », ou qu'il demande : « Pouvez-vous empêcher le soleil de se coucher ou l'obliger à se lever », il exprime exactement ce qu'il y a au fond de la « stérilité » islamique, à savoir un merveilleux sens de la relativité et, ce qui revient au même, un sens de l'Absolu qui domine toute sa vie.

Pour comprendre les civilisations traditionnelles en général et l'Islam en particulier, il faut aussi tenir compte du fait que la norme humaine ou psychologique est, pour eux, non l'homme moyen enfoncé dans l'illusion, mais le saint détaché du monde et attaché à Dieu ; lui seul est entièrement « normal » et lui seul, de ce fait, a totalement « droit à l'existence », d'où un certain manque de sensibilité à l'égard de l'humain pur et simple.

Comme cette nature humaine est peu sensible envers le Souverain Bien, elle doit, dans la mesure où elle n'a pas l'amour, avoir au moins la crainte. (pp. 31-32)
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