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Citation de enkidu_


L’un des signes extérieurs les plus immédiatement intelligibles et convaincants de l’Islam est l’appel à la prière du haut des minarets ; appel qui s’étend comme une nappe de sérénité sur les âmes des croyants, dès l’aube et jusque dans la nuit. Nous sommes ici loin des arguments scolastiques, mais il y a argument quand même : « signe » précisément, c’est-à-dire argument faisant appel, non à l’intelligence conceptuelle, mais à l’intuition esthétique et, plus fondamentalement, au sens du sacré.

Comme le discernement intellectuel, le sens du sacré est une adéquation au Réel, avec la différence toutefois que le sujet connaissant est alors l’âme entière et non la seule intelligence discriminative. Ce que l’intelligence perçoit quasi mathématiquement, l’âme le pressent d’une manière pour ainsi dire musicale, à la fois morale et esthétique ; elle se trouve à la fois immobilisée et vivifiée par le message de bienheureuse éternité que transmet le sacré.

Le sacré est la projection du Centre céleste dans la périphérie cosmique, ou du « Moteur immobile » dans le flux des choses.
(…)
Le sens du sacré, c’est aussi la conscience innée de la présence de Dieu(1) : c’est sentir cette présence sacramentellement dans les symboles et ontologiquement en toutes choses(2). Aussi le sens du sacré implique-t-il une sorte de respect universel, de retenue devant le mystère des créatures animées et inanimées ; et cela sans aucun préjugé favorable ni aucune faiblesse à l’égard des phénomènes qui manifestent des erreurs ou des vices, et qui de ce fait ne présentent plus aucun mystère, si ce n’est celui de l’absurde.
(…)
Il y a dans le sacré un aspect de rigueur, d’invincibilité et d’inviolabilité, et un aspect de douceur, d’apaisement et de miséricorde ; un mode de fascination immobilisante et un mode d’attraction libératrice. L’esprit dévotionnel doit rendre compte de deux caractères ; il ne saurait s’arrêter à la seule crainte, ce qui serait du reste incompatible avec la nature de la contemplation. La Majesté ne peut être objet de contemplation qu’en raison de la présence en elle d’un élément de beauté apaisante ou de sérénité, lequel émane plus particulièrement de la dimension d’Infinitude propre à l’Absolu.

(1) C’est à cette conscience de la présence divine que se réfère le célèbre hadîth de l’ihsân : « La parfaite piété (ihsân = « bel-agir »), c’est que tu adores Dieu comme si tu le voyais, et si tu ne le vois pas, Lui pourtant te voit. »

(2) On qualifie volontiers de « panthéisme » la tendance adoratrice qui en résulte, en oubliant, d’une part que ce vocable ne désigne que la réduction du Divin au monde visible, et d’autre part que Dieu est réellement immanent au monde – sans quoi celui-ci ne pourrait exister –, à divers degrés et sans préjudice de sa rigoureuse transcendance. (pp. 106-107)
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