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Citation de enkidu_


Le Christianisme distingue entre le charnel comme tel et le spirituel comme tel, et il n’est que logique en maintenant cette alternative dans l’au-delà : le Paradis est par définition spirituel, donc il exclut le charnel. L’Islam, qui distingue entre le charnel brut et le charnel sanctifié, est tout aussi logique en admettant le second en son Paradis : reprocher au jardin des houris un caractère trop sensuel, selon l’acception courante et terrestre du mot(1), est tout aussi injuste que de reprocher au Paradis chrétien un caractère trop abstrait. Le symbolisme chrétien tient compte de l’opposition entre les degrés cosmiques, alors que le symbolisme islamique a en vue l’analogie essentielle ; mais l’enjeu est le même(2). Ce serait une erreur de croire que le Christianisme authentique est hostile au corps comme tel(3) ; le concept du « Verbe fait chair » et la gloire du corps virginal de Marie s’opposent d’emblée à tout manichéisme.

(1) La polygamie traditionnelle dépersonnalise la femme en vue de la Féminité en soi, la Rahmah divine. Mais cette polygamie à fondement contemplatif peut aussi, comme dans le cas de David, se combiner avec la perspective monogamique : Bethsabé fut la Femme unique du fait que, précisément, elle « personnifiait » la Féminité « impersonnelle ».

(2) Il y a opposition entre le corps et l’âme, ou entre la terre et le ciel, mais non dans le cas d’Hénoch, d’Elie, de Jésus et de Marie, qui sont montés corporellement dans le monde céleste ; de même, la résurrection de la chair manifeste ou actualise une réalité qui abolit ladite opposition. Maître Eckhart précise avec raison qu’en montant au ciel, ces saints corps ont été réduits à leur essence, ce qui ne contredit aucunement l’idée de l’ascension corporelle.

(3) Saint Jean Climaque rapporte que saint Nonnos, en baptisant sainte Pélagie entrée nue dans la piscine, « ayant aperçu une personne d’une grande beauté se mit à louer grandement le Créateur, et fut si porté à l’amour de Dieu par cette contemplation qu’il en versa des larmes » ; et il ajoute : « N’est-il pas extraordinaire de voir ce qui cause la chute des autres, devenir pour cet homme une récompense au-delà de la nature ? Celui qui par ses efforts parvient aux mêmes sentiments dans des circonstances semblables est déjà ressuscité incorruptible avant la résurrection générale. Il en va de même des mélodies soit sacrées soit profanes : ceux qui aiment Dieu sont par elles portés à la joie et à l’amour divins et sont émus jusqu’aux larmes » (Echelle du Paradis, XV). (pp. 27-28)
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